L'histoire :
En 1963, une jeune femme, Cristal O’Neil, vit avec son vieux père dans une station-service quasi-désaffectée sur la route 666, au beau milieu d’une zone aride et désertique. En plus d’être un pilote vétéran de la seconde guerre mondiale, son père Evel est une légende du « streamliner ». Dans les années 50, à bord de sa Black Widow, il a en effet contribué à poser les bases et les règles de ces courses de bagnoles trafiquées entre gros durs, au milieu du désert. Aujourd’hui, il passe le plus clair de son temps à se saouler au whisky dans la carlingue du Lisa Dora, le bombardier que lui et feu ses camarades ont un jour échoué là, et autour duquel il a bâti sa station-service. Mais aujourd’hui, Cristal reçoit la visite d’un client peu habituel à la station Lisa Dora. Blouson de cuir, Jean’s, santiags, coiffure banane, lunettes réfléchissantes et clope vissé au bec : Billy-Joe est le prototype du cador rock’n roll suffisant et misogyne. Il n’est pas vraiment venu pour faire le plein, mais en repérage. Car ce coin de désert qui appartient à O’Neil lui semble parfaitement opportun à l’organisation du grand run annuel de streamliner. Billy-Joe remet en effet son titre en jeu et ils vont être nombreux – et nombreuses – à vouloir lui rafler la winchester qui sert de trophée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, les « streamliners » sont des véhicules – trains ou voitures – conçus pour opposer le moins de résistance à l’air, donc pour faire des maxi pointes de vitesse. Dans la première partie de cette aventure située dans les années 60, nos pilotes loubards bad-boys proposent cependant de faire une course bien rough et rock, dans un coin peinard de désert, à l’aide de vieilles bagnoles trafiquées pourvus de moteurs apparents. Etant donné que ce type de compète n’est pas franchement autorisé, le personnage central masculin, Billy-Joe, organise cela chez le personnage central féminin, Cristal, et son père. Il est beau gosse et frimeur ; elle est sexy et vulnérable ; s’ensuivra ce que tout le monde attend. Pour pimenter la chose, se grefferont également à la problématique des invités pas franchement prévus au générique : un gang de nanas bikeuses, un tueur, des fédéraux, un groupe de hard et un relai masse-médiatique gênant. Le premier tome du diptyque prévu est réalisé par Fane, le principal auteur de Joe Bar Team, toujours en tant qu’auteur complet. En huit chapitres rythmés par des dialogues balancés à souhait, Fane fait admirablement et exhaustivement les présentations des nombreux protagonistes, de leur passif (flashbacks à l’appui) et du contexte, en détails et en 156 planches. Puis il nous abandonne au moment où le départ de la course va être donné. Sous les crayons de cet expert en carrosseries rutilantes et en pistons autoritaires, les bolides ont de la gueule ; les persos masculins ont tous des dégaines de cadors à qui on ne la fait pas ; les persos féminins crucifieront sur place, façon Tex Avery, les amateurs de belles pépées un peu grunges. Il se dégage une énergie folle des postures de chacun. Mais surtout, surtout, la mise en scène et le découpage très cinématographiques sont totalement envoûtants et décoiffants. Fuel, sun, sex and rock !