L'histoire :
Rose, une quadragénaire rousse aux yeux verts, botaniste de profession, vient de passer sa première nuit dans la maison traditionnelle de Kyoto appartenant à son défunt père naturel, Haru, un riche japonais. Elle ne l’a jamais connu et Haru l’a pourtant logiquement désignée en tant qu’héritière. Perturbée par le jet-lag et le décalage horaire, elle peine à trouver ses repères. Dans la pièce où elle déjeune, se trouve une unique pivoine d’un rouge vif. Sayoko, une servante d’un certain âge s’occupe d’elle. Avant de passer aux étapes testamentaires, Rose fait une promenade dans le parc zen du pavillon d’argent. Quand elle revient, elle fait la connaissance de Paul, un français qui servait d’assistant à son père depuis 20 ans ! Ce dernier lui explique que son père était marchand d’art contemporain. Le rendez-vous chez le notaire n’ayant lieu que le vendredi, Paul propose à Rose de lui servir de guide en attendant. Le premier soir, il l’emmène chez Kitsune, un restaurant traditionnel où ils boivent de la bière et du saké. Ces premières heures, Paul est autant prévenant que Rose se montre sardonique. Elle rumine une colère froide contre ce père qu’elle n‘a jamais connu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mangaka japonais Tan Takahama adapte ici le roman éponyme de la française Muriel Barbery (publié en 2020 chez Actes Sud). Cette collaboration franco-japonaise fait étrangement écho au fond du sujet : il est question d’une femme française qui se rend pour la première fois au Japon, pour hériter de son père naturel japonais qu’elle n’a pas connu. Elle n’est donc pas en « deuil » à proprement parler : puisqu’elle n’a aucun souvenir de ce père, elle n’y est pas attachée. C’est même tout le contraire : elle est agacée d’avoir du se déplacer et se demande bien ce que cet homme mystérieux a pu lui transmettre. Evidemment, le tourist-tour que lui fait l’assistant Paul à travers Kyoto, l’ancienne capitale du Japon, elle-même emprunte de calme et de sérénité, riche de centaines de jardins zen et de temples bouddhistes, va lui apporter des réponses, l’emplir de plénitude et bouleverser son destin. Le rythme de la narration est lent et paisible, tout au long des 215 pages. Les protagonistes européens, avec de systématiques poches sous les yeux – comme s’ils sortaient de plusieurs nuits blanches ou qu’ils avaient une bonne grippe – nous abreuvent alors de phrases poétiques et un peu pontifiantes, souvent en buvant le thé tout en regardant des jardins. « Jusqu’à présent je marchais sur le toit de l’enfer sans regarder les fleurs ». Ça n’est pas très rock n’roll, mais c’est reposant. Zen. Tranquille. Vous reprendrez bien une tasse de matcha ?