L'histoire :
L'Homme et la civilisation se sont emparés de la planète. Energies, villes, transports, immeubles : l'Homme a pris le contrôle. Et la nature dans tout cela ? Elle se meurt, elle est reléguée au second plan, même si quelques personnes continuent de prendre le temps de l'observer, de l'admirer, de la préserver. Dans ce monde, Clarence fait les courses avec son père. Il a remarqué un jouet qui lui fait vraiment de l'œil : une tête à coiffer. Son père a honte, c'est un jouet pour les filles pas pour les garçons ! En poussant le chariot, le père de Clarence est saisi. Sa femme est dans le coma, elle est hospitalisée et il ne sait quand il la reverra. Il est traumatisé. Les images de sa femme alitée sous respirateur lui apparaissent comme des flashs régulièrement et l'ont changé. Il devient méfiant, agressif. Clarence lui-aussi aimerait revoir sa maman... En rentrant chez eux, le père remarque que la haie de pyracantha a encore pris du volume. Il ne la supporte pas, il la déteste même ! Il l'avait coupée, mais elle revient. Il part chercher sa débroussailleuse et commence à éliminer les branches, envahi par la colère. Il passe ainsi au-dessus du mur des voisins et aperçoit sa voisine, installée dans son transat, un nourrisson dans les bras. La maman et le bébé s'échappent en courant pour trouver refuge dans sa maison. A l'intérieur, elle s'apaise en présence de son mari. Ils se demandent si le voisin a remarqué la particularité de leur fille. Elle a une petite feuille qui pousse au niveau de son nez, depuis sa naissance. Et les informations télévisées ont eu vent de la nouvelle, qui concerne des centaines d'enfants. Et si l'humanité était en train d'évoluer ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Patrick Lacan s'associe à Marion Besançon (qui dessine son premier album) pour ce roman graphique en noir et blanc, qui aborde la thématique de l'écologie avec un regard neuf. Les personnages vivent à une époque similaire à la nôtre. Pourtant, ils vont traverser un bouleversement de la société. La nature semble reprendre ses droits. Petit à petit, à travers le monde, des bébés commencent à naître avec une particularité végétale sur leur corps. Et puis, cela va s'accentuer. Même les adultes qui étaient jusqu'ici des humains comme les autres, vont être touchés par ce changement. Le lecteur va suivre plusieurs personnages différents : Clarence et son père, qui attendent avec impatience le jour où la femme de leur vie sortira du coma ; Adèle, une adolescente mutique connectée aux arbres et à la nature ; et Lucien, hypocondriaque. Face à cette épidémie, ils vont tous se positionner différemment, à l'image de la société. Il y a ceux qui accueillent cette reconnexion à la nature avec respect et bienveillance, et qui en seront même plus heureux. Et il y a ceux qui craignent un « grand remplacement », qui ont peur du changement et de la différence, qui tentent de l'anéantir. Qui gagnera cette bataille ? Y aura-t-il un ou plusieurs vainqueurs ? Les auteurs nous proposent une fable écologique avec un brin de fantastique. Contrairement aux dystopies qui abordent la question écologique souvent de façon sombre, violente ou déprimante, ici le récit reste lumineux, malgré le noir et blanc et la vision pas toujours positive des personnages. L'optimisme finit par primer et la poésie nous transporte. Le lien entre l'Homme et la nature se fait naturellement, avec une grande beauté. Les illustrations sont particulièrement réussies, notamment celles en pleine page, ou lorsque les personnages font corps avec le végétal.