L'histoire :
Shanghaï, été 1937. La petite Yin, âgée d’une dizaine d’années, vend la pêche de son grand-père, le vieux Li, sur le marché. Malheureusement, comme souvent, elle se fait racketter par une bande de gamins des rues. Face à cette situation, son grand-père n’a d’autre choix que repartir en mer, car il doit faire bouillir la marmite. Il élève seul sa petite fille depuis que sa femme, son fils et sa belle-fille sont morts. Yin souhaite l’accompagner pour pêcher, mais son grand-père refuse. Yin brave l’interdiction et embarque en cachette dans le bateau de son grand-père amarré au port. Bien lui en a prend : alors qu’il a jeté ses filets, le vieil homme se coince la jambe et manque de se faire emporter par ce qu’il croit être une prise gigantesque. Heureusement, Yin coupe les mailles. C’est alors qu’ils se trouvent face à un monstre terrible pris dans les filets, irradiant de sa lumière dorée. C’est un dragon d’or ! A plusieurs kilomètres de là, un navire de guerre de l’armée impériale japonaise aperçoit les lumières du dragon et tire plusieurs coups de canons. Le dragon d’or est blessé et Yin supplie son grand-père de ramener la bête à Shanghai pour la soigner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D’emblée, la magnifique couverture s’impose, laissant entrevoir un univers où l’onirisme et le réel vont cohabiter. Cette histoire de petite orpheline espiègle qui, malgré les épreuves de la vie (ses parents sont morts), reste souriante, est prenante dès les premières pages. Ce conte bien construit offre une double lecture tant pour les enfants que pour les adultes. « Les légendes font vivre les rêves mais elles ne nourrissent pas les pauvres gens comme nous ». Dans une ambiance rappelant l’excellent film de Steven Spielberg, L’Empire du soleil, Richard Marazano prend le temps de planter le décor et s’attache à développer patiemment les personnages : Yin, Li, Le lieutenant Litamaro, le Dragon d’or et la bande de garçons. La Chine vit ses dernières heures de paix et va basculer dans la guerre contre le Japon. L’apparition du dragon d’or est de mauvaise augure. Nul doute que la vie de chaque personnage va prendre un nouveau virage dans les deux prochains tomes qui clôtureront cette trilogie. La réussite de cet album trouve son origine dans la qualité du trait du dessinateur chinois Yao Xu. Ses images profondes entre manga et franco-belge sont tout simplement extraordinaires. La poésie d’Hayao Miyazaki n’est pas loin. Et que dire de ses couleurs lumineuses qui donnent une véritable épaisseur au récit. La suite est attendue avec impatience, avec le retour de Xi Qong, le grand dragon noir de la fin des temps…