L'histoire :
Pour de vieilles histoires nationales et territoriales, et en raison des nouveaux enjeux écologiques, le monde est au bord de la rupture. Le Président nouvellement élu de la fédération européenne a conscience qu’un nouvel ordre mondial, plus paisible et issu des meilleures intuitions du passé, doit être établi. Il en parle à un mystérieux conseiller qui lui propose de s’entendre tout d’abord avec les chefs des grandes religions… à commencer par le pape. Un émissaire du Vatican est alors désigné pour faciliter le dialogue entre l’Eglise et le monde politique. Il s’agit du docteur en archéologie biblique Elijah Schäfer, jadis membre du gouvernement israélien, aujourd’hui retiré au monastère du Mont Carmel. Le père Elijah est ainsi dérangé dans le jardin potager où il cultive des oignons. Le père Sylvester qui dirige le monastère lui apprend qu’il doit se rendre au Vatican sur ordre du Pape en personne ! Elijah se demande bien quelle mystérieuse mission lui échoie ainsi… Sera-t-il à la hauteur ? Après des années de retrait et d’austérité, il se retrouve tout perdu dans sa toge de bure, au milieu du tourisme de masse de l’aéroport de Tel-Aviv… Dans l’avion, il consulte les dernières actualités et s’endort. Il rêve de son enfance tragique dans le ghetto de Varsovie. A l’arrivée, il est fouillé sans ménagement par un douanier. Il prend alors pleinement conscience de l’anticléricalisme de l’époque. En revanche, il a le plaisir de retrouver une tête connue pour l’accueillir : son vieux copain Billy, désormais cardinal, mais incognito en civil…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Père Elijah est le premier roman de la saga apocalyptique Children of the last days (« Enfants des derniers jours ») de Michaël D O’Brien, ici adapté en bande dessinée par les très chrétiennes éditions Salvator. L’intrigue se démarque des classiques thrillers ésotériques façon Da Vinci Code, dans la mesure où il s’agit moins d’exhumer des secrets sulfureux de l’Eglise que d’établir un nouvel ordre mondial, plus humain, dans lequel les enseignements des religions s’avèreront profitables. Plus tourné vers le futur que vers le passé, Père Elijah s’appuie en effet sur l’imminente nécessité de réformer la civilisation humaine, en raison des impasses dans lesquelles elle se fourvoie depuis ses origines : crise écologique et insupportables querelles nationalistes. Cette double problématique est d’une belle acuité (cf. le réchauffement climatique et la guerre en Ukraine), quand on considère que le roman originel a été publié en 1996. Notre héros est donc un vieux moine en robe de bure, qui va à la rencontre les puissants de cette fin de XXème siècle, et s’interroge sur le monde avec tout le recul que ses années d’ermitage lui permettent. Il y a donc peu d’action, beaucoup de palabres, de quête de sens, en lien avec la foi catholique… Soit des considérations résolument ancrées dans une mouvance œcuménique, qu’il n’est pas évident de rythmer visuellement en séquences de 9ème art. A l’adaptation, Thomas Oswald s’en sort pas trop mal. Il s’appuie sur un dessin semi-réaliste signé Nicolas Doucet, qui fait lui aussi sérieusement le job, à l’exception de quelques hiatus de proportions et de perspectives.
