L'histoire :
Comme chaque matin depuis plusieurs jours, l’archéologue Thomas Bellec et son assistant Bruno arrivent sur le site jordanien de Petra par le Sîq (canyon très étroit). Ils s’attaquent à dégager un éboulis de pierre qui ne leur semble pas naturel, situé à 300 mètres des fouilles. Leur intuition était bonne : une ouverture vers une cavité profonde est dégagée dans le sol. Thomas y descend sans attendre, en s’aidant d’une corde. Après une chute sans gravité, il se retrouve bloqué en bas et entreprend donc seul une petite exploration des lieux, à la lampe torche. Bruno, resté en haut, va quant à lui chercher une autre corde. Tom découvre alors une momie et une plaque gravée en araméen. Ce qu’il déchiffre le stupéfait ! En remontant, son attitude agressive et étrange laisse à penser qu’il a fait une découverte majeure. Il interdit l’accès et monte la garde jour et nuit, demandant qu’on lui apporte plus de matériel. Quand Bruno a enfin le droit de déchiffrer la plaque, lui aussi est ébahi : il semble qu’ils aient retrouvé le corps du Christ et, avec lui, la vérité toute cartésienne sur sa résurrection ! Cette vérité, il n’y a que les papes qui y ont accès, depuis 2000 ans, le jour de leur élection. Sa révélation publique menacerait carrément la paix du monde ! Or pour le moment, c’est une riche secte pentecôtiste américaine qui tente de négocier la relique, contre un million de dollars. Mais qui les a prévenus ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un « thriller d’aventures ésotériques » digne du Triangle secret et de ses extensions, mais pour lequel vous n’aurez pas besoin d’investir dans 45 tomes pour voir les choses progresser : Corpus Christi est en effet un one-shot, et son intrigue est aussi dense que les questions qu’il soulève sont intéressantes. Ici, un héros archéologue, au tempérament curieux et humaniste (quoique bien téméraire), met à jour la momie de Jésus Christ (en latin, corpus christi = le corps du Christ), ainsi qu’une explication cartésienne sur sa résurrection. Faut-il ébruiter cette révélation fondamentale ? Quels « profits » peuvent en retirer quelles organisations ? Le scénario mis au point par François Maingoval met habilement en scène et en alerte le Vatican, les musulmans, une journaliste et une puissante secte. En creux, la question est posée de savoir ce qui prime dans la religion chrétienne : la légende de la résurrection qui l’a fondée ou le message d’amour et de paix qu’elle véhicule ? Le héros et même les Papes vont jusqu’à se poser la question, à plusieurs reprises, de l’existence de Dieu. Les « édinautes » qui ont investi dans la publication de cet album (selon le principe de financement participatif de Sandawe) ont donc visiblement été titillés par la manière de faire avancer l’intrigue et ses enjeux. On excusera donc les grosses ficelles d’une dernière page de conclusion quelque peu manichéenne… Eric Albert déroule quant à lui un dessin réaliste s’appuyant sur un trait fin appliqué et régulier, qui manque juste d’empathie envers les personnages pour enthousiasmer pleinement.