L'histoire :
Katja Schneider poursuit son travail de recherche sur Léon Degrelle, en étant infiltrée au sein de la rédaction du journal Le Soir. L'organe de presse contrôlé par l'occupant allemand depuis 1940 est l'occasion pour la jeune autrichienne d'accéder aux archives, qui ne lui permettent pourtant pas de retrouver la trace du leader du Rexisme. Elle y entre néanmoins en contact avec un résistant qui lui permet d'accéder au réseau qui a commandité sa venue en Belgique. Poussée par un grand courage, toujours en recherche d'informations sur son fiancé déporté depuis l'annexion de l'Autriche, elle mène son enquête avec détermination. Elle cède même aux invitations d'un dignitaire nazi sensible à son charme, qui l'invite à venir le voir en privé, se disant qu'elle pourrait obtenir de lui des informations précieuses. Mais un événement inattendu vient perturber son travail clandestin, lorsque des photos arrivent au journal, montrant des cadavres de femmes nues prises dans les abattoirs d'Anderlecht. Le journal doit-il publier ces photos, ce qui tendrait à disculper les nazis qui contrôlent sa rédaction ? Alors que le débarquement allié est annoncé pour les jours à venir, les recherches de la jeune femme buttent contre des intérêts contradictoires, les nazis comme les résistants jouant une forme de contre-la-montre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le personnage de Katja est absolument central dans ce deuxième tome, la jeune blonde aux yeux verts permettant au dessinateur Renaud les mises en scène élégantes dont il a émaillé sa riche carrière. Gihef a construit dans son récit les passages nécessaires pour portraîtiser son personnage dans toutes les situations possibles, et rapprocher le lecteur de la journaliste espionne dont le fiancé a été déporté. Cela dit, le scénario hésite entre la recherche de Degrelle, la découvert des corps torturés à Anderlecht, le sort dudit fiancé et l'entretien entre Katja avec un responsable de la Kommandantur en septembre 1944. Le scénariste a voulu à la fois développer une intrigue multiple et creuser la situation du journal Le Soir pendant la collaboration forcée. C'est une approche ambitieuse qui ne permet pas de dégager un axe fort, et prive l'album d'une réelle tension dramatique. L'intrigue boucle néanmoins de manière propre avec une dose de spectaculaire, mais ne laissera pas le lecteur bouche-bée. La collaboration entre le jeune scénariste et le dessinateur très expérimenté est néanmoins réussie. L'album possède une vraie élégance dans les attitudes très classiques des personnages de Renaud, et ses couleurs aux tons d'aquarelles délicates. Et les portraits cachés de quelques uns des « édinautes » qui ont financé cet album sur le site sandawe.com sont de petits détails amusants au cœur d'un récit plutôt sombre.