L'histoire :
Sur le front de la Somme, en juillet 1916, le soldat Augustin Dagneau récolte une volée de mitraille dans une jambe, ce qui le laissera handicapé au sortir de la guerre. En face, l’allemand Noah Feuchtner est gravement blessé à l’œil droit par un éclat d’obus dans sa tranchée. Enfin, du côté des troupes anglaises, un certain Griffin Dynewell est tellement secoué par une explosion, qu’il en restera amnésique. En 1919, la guerre est terminée. Désormais borgne, Noah est resté à Paris pour y combattre sur les rings de boxe sous le surnom « Le rapace teuton ». Il est devenu ami avec Augustin, qui joue quant à lui au petit détective pour le compte d’Adèle, la veuve d’un ancien compagnon d’armes : une caisse d’Armagnac lui a été dérobée. Augustin demande à Noah de venir avec lui la nuit suivante, dans un entrepôt, pour y récupérer la marchandise d’Adèle. Ce faisant, ils espionnent de loin une scène violente : un pilleur de cadavre se fait assassiner pour avoir refusé de livrer une montre à un bandit muni d’une canne-épée. Quelques secondes plus tard, Augustin et Noah recueillent son dernier souffle, lors duquel il les somme de prévenir un certain recéleur. Homme d’honneur, Augustin décide d’aller au bout de cette histoire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un premier tome était paru en 2012 aux peu scrupuleuses et feu éditions Cléopass, sous le titre Gueules cassées. Depuis lors, Weissengel et Manu Cassier se battent pour que leur histoire policière inscrite dans le contexte de l’après-première guerre mondiale puisse se conclure. Grace aux édinautes de Sandawe et au financement en crowdfunding, l’histoire est aujourd’hui complète et réunie en un seul volume, sous le titre L’héritage du chaos. Pour l’occasion, Cassier a redessiné bon nombre de cases du tome 1 – environ la moitié ? – afin de mettre en cohérence les sautes de style de jadis, compléter les arrière-plans négligés, et mettre le tout en adéquation avec ses propres progrès artistiques. L’ensemble a également été entièrement recolorisé, essentiellement dans les tons ocre et sépia, sans doute pour mieux coller à l’image traditionnelle de la carte postale d’époque. Enfin, cette enquête de 92 planches constitue désormais une histoire aboutie et complète. Elle réunit trois anciens soldats victimes de la guerre – un borgne, un boiteux et un amnésique – de trois nationalités différentes – respectivement allemande, française et anglaise. Leur problématique est de confirmer (ou pas) l’identité de l’amnésique, à partir d’une montre à gousset, pour un juteux héritage à la clé. Sans être révolutionnaire, le scénario se laisse apprécier, ponctué par des scènes d’action et en permanence tenu par le fil d’une enquête classique. Encore une fois, merci au système Sandawe pour terminer des travaux d’édition inachevés !