L'histoire :
Anne et Paul habitent une maisonnette sur une colline en surplomb d’un village. Un soir, alors que Paul boit sa tisane médicamenteuse sous le porche, ils assistent à un phénomène ahurissant. Quelque chose en chute libre traverse le couvercle de nuages noirs et vient s’écraser sur le village. Puis une seconde chose tombe, puis une troisième, une dizaine… une centaine… Les impacts se rapprochent de la maisonnette. Paul et Anne s’aperçoivent avec effroi qu’il s’agit de corps humains nus. Des corps, encore et encore. Des milliers de corps s’écrasent ainsi, transperçant les toitures et provoquant à chaque impact une mare de sang ! Lorsque la pluie des corps cesse, c’est un véritable charnier autour de la maison de Paul et Anne. Marie descend alors en ville à pied. A l’entrée, le garde champêtre Bertrand tente d’empêcher la jeune femme d’entrer. Mais Anne argumente : Paul a besoin de son traitement. Elle croise alors des citoyens affairés à débarrasser les rues des cadavres. Elle va toquer à la pharmacie théoriquement fermée. La propriétaire Marie lui ouvre. Les deux jeunes femmes se connaissent bien. Elles évoquent ce drame surnaturel, Marie affirmant qu’elle a vu des corps encore vivants juste après leur impact au sol. La pharmacienne donne le traitement pour Paul, alors même qu’Anne n’a pas de quoi payer. Quand elle rentre chez elle, Anne découvre son mari, charpentier de profession, plein de bonne volonté pour réparer la toiture du porche, mais bien trop faible pour y parvenir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture, le titre et le pitch font facilement penser à un scénario de Michel Night Shyamalan (notamment Phénomènes). Dans les premières pages de ce one-shot édité via le crownfunding des éditions Sandawe, il se met en effet soudainement et littéralement à pleuvoir des corps humains (à oilpé) sur un village et sur une maisonnette isolée. Celle-ci appartient au couple de héros, qui connait quelques problèmes intimes (de santé, de couple, de voisinage…). Argh mais pourquoaaa ?? Malheureusement, c’est là que le bât blesse : la promesse du thriller fantastique se révèle ensuite quelque peu décevante, se bornant à tergiverser, puis confluer vers un embrouillamini ésotérique bizarre et baroque, vaguement inspiré tantôt de l’au-delà biblique, tantôt du mythe de Cthulhu. Notamment, les héros se toisent en chien de faïence et s’adonnent à des activités bizarres, comme faire pousser des tentacules qui fleurissent sur les tombes. On n’a pas tout compris et à vrai dire, l’interprétation personnelle ouverte semble être le but de la manœuvre. C’est super dommage, car la partition graphique d’Anaïs Bernabé est quant à elle fort convaincante. Déjà à l’œuvre sur le tome 3 de Sasmira, la jeune dessinatrice met en scène les deux membres du couple omniprésents, selon un style régulier et gracieux. Elle alterne les découpages serrés lors des séquences dans l’intimité du foyer et les plans large lorsque le spectacle l’impose, avec une jolie gestion de la lumière et des ambiances. Ces dernières s’imprègnent souvent de teintes bien marquées (ocre, glauque, violet), fonction des séquences. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que dans les prochaines années, un scénar plus costaud lui donnera l’occasion de se démarquer dans le registre.