L'histoire :
Léonie et son père s’affairent tranquillement autour de leur maison, l’un à bricoler, l’autre à puiser de l’eau, lorsque survient une terrible explosion, à quelques distances. A la longue vue, ils observent l’origine : leur ferme en aval, la ferme Lavérue, a été attaquée, vraisemblablement par des Ragougnahs. Le père aperçoit ainsi de loin le cadavre de son épouse et il incite aussitôt sa fille à se réfugier chez l’oncle Amédée, à une demi-journée de marche de là. Bon-gré-mal-gré, la gamine s’exécute. Mais chemin faisant, tandis qu’elle allume un feu de camp, elle est surprise par une femelle ragougnah… un peu trop maternelle ! Elle l’assomme toutefois, la capture et la ramène dans son foyer. Pendant ce temps, la nouvelle de la tragédie se propage en ville. Amédée et son copain barman filent sur zone, à bord d’une vieille gimbarde qu’ils ne ménagent pas. En séance de conseil, le seigneur, juge et despote local fait quant à lui mine d’apprendre que les parents Lavérue ont été retrouvés morts. Il compte en réalité sur ce « triste » fait divers pour s’approprier l’exploitation pétrolifère des Lavérue… à condition que la fillette Léonie ait également été tuée par les ragougnahs. Ce qui n’est pas le cas. Pour autant, aux yeux de sa population, il ne peut laisser une telle exaction impunie. Aussi envoie-t-il les trois abrutis frères Patton faire la lumière sur l’affaire… Officiellement, car en réalité, ce sont eux qui sont à l’origine du double meurtre sur les Lavérue. Il leur reste cependant encore la fille à zigouiller…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album financé grâce à un financement participatif Sandawe fait le grand écart entre un scénario léger et un dessin caricatural chiadé et virtuose. En fait, cet univers imaginaire mâtiné de western et d’heroïc-fantasy, ainsi que le personnage d’Amédée Bonnpom, ont été imaginés par le dessinateur poitevin Laurent Perrin il y a une quinzaine d’années déjà. Mais sans grande idée narrative derrière, le dessinateur en a couvert des planches et des planches… Des aventures un peu foutraques, à la vas-y comme j’te pousse, peuplées de créatures proches des Trolls (de Troy) de Jean-Louis Mourier, avec une bagnole plus qu’inspirée de celle de Gaston Lagaffe, dans des décors bizarres, où des rochers improbables semblent en équilibre précaire, et où des cascades d’eau féeriques n’en finissent pas. Pour justifier tout cela, l’auteur imagine que c’est la Terre qui serait passée dans un monde parallèle, un wormhole (d’où le titre…). Il aura fallu l’arrivée de Stéphane Blanco dans l’aventure pour tenter de mettre un peu d’ordre avec un scénario. Hélas, si le dessin est vraiment virtuose – on sent les influences bien digérées de Franquin, Frezzato, Loisel – le scénar ne parvient à rien d’autre qu’à connecter de son mieux les étapes obligatoires et les jalons hétéroclites posés par Perrin depuis toutes ces années. L’aventure s’efforce donc de relier les trollesques ragougnahs avec une odieuse manœuvre de spoliation de terrain, façon western en plus caricatural, un hallali sur une jeune fille simplette, une course-poursuite à bord de pirogues au milieu des cascades, des châteaux médiévaux et des yeux qui giclent en dehors de leurs orbites… Un drôle de sacré foutoir ! Mais joli, très joli !
