L'histoire :
Dans les années 50, un jeune couple qui fricote dans les dunes sur une plage, découvre avec effroi un cadavre. Le vieux Santa Carruthers a été grossièrement décapité, certainement à l'aide d'une tronçonneuse, et sa tête a été déposée par dessus son corps enterré. Les policiers se demandent s'il s'agit d'un rituel ou d'un règlement de compte. L'un d'eux part annoncer la triste nouvelle à sa fille unique, Joy, qui se fait appeler Sara Lone dans le cabaret de la Nouvelle Orléans où elle danse. Dotée d'un fort caractère, Joy était en froid avec son père. Une simple larme coule sur son visage impassible. Elle révèle toutefois au policier qui l'interroge que son père avait deux uniques amis qui avaient servi avec lui lors de la seconde guerre mondiale. Pendant que les policiers rendent visite à ces deux frères d'armes, Sara est convoquée par son patron, Lemount. Celui-ci tente d'abuser d'elle, alors Sara se débat et l'assomme violemment. Elle s'enfuit en volant dans le coffre fort resté ouvert la juste somme correspondant aux trois mois de salaire qu'il lui devait. Or une collègue repère son manège et profite de la situation : Sara partie, elle tue Lemount à grands coups de coupe-papier et pique tout le fric du coffre-fort. Avec le doigt et le sang du macchabée, elle écrit « Sara Lone » sur le sol, avant de s'enfuir à son tour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce bon petit polar imprégné des sixties américaines a bien failli ne jamais voir le jour. Présenté une première fois aux grands éditeurs, il fut unanimement retoqué (merci « la crise »)… avant de ressortir bonifié de ses cartons, après avoir séduit Patrick Pinchart, à la tête des éditions participatives Sandawe. Au scénario, Erik Arnoux propose d’emblée un meurtre insolite… qui déboule aussitôt sur une enquête de police… qui déclenche une seconde affaire à laquelle se mêlent les services secrets… et au final, on se retrouve avec 3 niveaux d’intrigue : une affaire imbriquée dans une affaire imbriquée. Clé unique de ces trois énigmes : Sara Lone, une jeune rouquine dépassée par les enjeux qu’elle doit gérer, et qui conserve sa part de mystère et une personnalité attachante. Au sortir de ce premier tome, deux énigmes sont solutionnées. Et il demeure une grosse envie de connaître le fin mot de la troisième, dans un prochain tome qui ne devrait pas avoir de mal à trouver financement. Car en vétéran rompu, Arnoux rythme impeccablement son récit, au sein d’un découpage serré d’une juste densité, que l’espagnol David Morancho met en images avec talent et précision. Son trait est maîtrisé, régulier, détaillé, complété d’une colorisation ad hoc aux teintes délavées… Bref, les amateurs de polars seront comblés.