L'histoire :
C'est le début de l'année 1985, et les combats contre l'Estasia et l'Eurasia sont devenus plus intenses que jamais, faisant des victimes dans la ville même. Les minutes de haine quotidiennes ont finalement lieu plusieurs fois par jour, pour galvaniser la population contre les ennemis extérieurs, sans oublier la figure de Goldstein. O'Brien tente de remonter les traces d'un individu portant un masque à oxygène qui a tagué une façade et laissé sur place un exemplaire du Livre de Winston. Méthodiquement, il interroge tous ceux qui ont été en contact avec lui d'une manière ou d'une autre, les forçant sous la torture à avouer ce qu'il voulait entendre. Mais finalement, pour aller jusqu'au bout de la neutralisation de toutes les personnes qui ont croisé Winston, la machine se retourne contre son plus fidèle élément, sans la moindre pitié. Pendant ce temps Lloyd Holmes continue d'arpenter la ville pour apporter du matériel à un groupe de rebelles qui vivent cachés dans des abris souterrains. Une organisation secrète dont il ne connait que le chef de section, un certain Willow, le reste étant absolument ignoré de tous, pour que personne ne puisse un jour donner des infos sous la menace des autorités. C'est Lloyd, qui a perdu le livre en zone non autorisée, mettant en péril ses compagnons de résistance et la grande action qui se prépare. Mais un évènement va tout faire basculer. Lloyd va croiser son frère qu'il n'avait plus vu depuis des années, depuis le jour de la dénonciation de leurs parents...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Xavier Coste ose étendre l'univers de 1984 vers une suite qui, d'une certaine manière, se débarrasse des personnages d'origine pour en mettre d'autres en avant. Le ton du récit est d'emblée plus traditionnel : il faut préparer le terrain, même si l'ambiance oppressante n'a pas changé. Lorsqu'on découvre l'existence des rebelles cachés sous la ville on se dit qu'on va peut-être tomber dans une histoire plus banale. Mais l'auteur est, à ce stade de l'album, bien loin d'avoir dévoilé toutes ses idées. On plonge quelques pages plus tard dans un tout autre récit, au cœur du système, avec un suspense terrible autour du personnage principal. La partition graphique est toujours spectaculaire, elle joue un rôle crucial dans l'incarnation du totalitarisme qui contraint les vies de tous les citoyens. On reprend vite nos marques, grâce a des pleines pages superbes et froides, avec cette esthétique presque soviétique qui incarne le culte forcé de la personnalité. Aucune raison d'hésiter face à cette idée très osée de donner une suite au roman d'Orwell, qui est désormais dans le domaine public, et permet donc à toutes les imaginations de s'exprimer. Xavier Coste n'en manque pas. Ses fans pourront se régaler en voyant ses planches originales exposées dans une galerie parisienne et en ligne quelques jours après la sortie de l'album.