L'histoire :
L’écrivain Ramon Hill a connu un succès soudain avec ses deux derniers livres, des romans d’espionnage bien de notre époque sur le Moyen Orient et l’Europe. Depuis, il ne manque de rien : maison à la campagne, Grand Cherokee, Kawazaki W650 et un petit pied-à-terre à Paris ; ça c’est pour le matériel. Côté famille aussi, il est comblé. Avec son épouse, d’abord, Margot, puis avec ses deux enfants, Johanna, cinq ans, et James, trois ans. Le plus troublant est qu’il doit ce bonheur familial à ses livres, puisque c’est au cours d’une séance de dédicaces, en début de carrière, qu’il a rencontré sa femme. Mais dans le fond, Ramon Hill, écrivain promis à toujours plus de succès littéraire et père de famille comblé, c’est du flan. Depuis quatre mois, vide d’inspiration, il ne passe pas le chapitre 43 de son dernier roman, dont la dernière phrase « Vincent Torrance regardait le ciel, à la recherche d’une réponse » sonne comme une métaphore de sa situation. Margot lui impose alors un séjour à la montagne dans le chalet familial, sans les enfants, qui iront chez leurs grands-parents pendant deux semaines. Il sera ainsi au calme pour enfin achever son histoire. Bien qu’il n’affecte guère cet endroit, Ramon accepte, contraint et forcé, mais pas de vilaine manière, par une épouse en manque d’amour…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adaptation graphique du roman de Joseph Incardona, 220 Volts est un polar dans la pure tradition du genre. La mise en image de Sylvain Escallon livre une ambiance en noir et blanc qui s’adapte bien au sujet. Les visages souvent graves et les traits marqués des personnages trahissent une tension sous-jacente tout au long de l’album. Si bien que, lorsque ça bascule dans le sordide, cela semble tout à fait naturel. L’intrigue est efficace, elle rappelle quelques films avec des situations de départ semblables : l’auteur en panne d’inspiration, perdu au cœur de la forêt et… ça dégénère ! Dans ce cas, tout est réaliste, avec une trame qui semble entendue, mais qui joue finalement à cache-cache avec le peu de personnages en jeu. L’ensemble est ici rehaussé par une technique de Noir et Blanc contrastés, constamment en opposition, mâtinant d’une part d’ombre les choses et les personnages. Dans cette atmosphère à la fois glaciale et sensuelle, où l’austérité calculée inhibe l’action, les actes demeurent. Avec son dénouement bien senti et sa présentation de qualité (belle couv’, papier épais immaculé) 220 Volts supporte bien la transposition en BD en offrant une ambiance quasi cinématographique au roman dont il est issu.