L'histoire :
Raoul Da Costa part au collège en vélo. A l’approche du pont qui enjambe les voies de chemin de fer, il se trouble. Il est pris de vertige à tel point, qu’il descend de sa monture pour franchir l’obstacle tout en pestant. Bien sûr, il arrive en retard en classe. Pourtant, il est accueilli avec humour et rejoint sa place en toute détente en se vantant d’avoir battu son record de pompes. Visiblement leader de son petit groupe, il enchaîne vantardise et piques aux autres garçons sans entamer sa popularité. A la maison, le statut de roi du monde de son fils agace prodigieusement son père, dont l’aigreur perce dans le propos. Plus tard, dans le parc du manoir où ils ont l’habitude de se retrouver, les amis font une veillée nocturne. Raoul continue de parader torse nu et à la demande du groupe, il exécute une imitation de son père en exagérant son accent portugais, ce qui déclenche l’hilarité générale. De retour au collège, les quatre amis s’amusent devant un selfie. Raoul en profite pour charrier Ludo, le « petits gros ». C’est alors que le proviseur entre en classe pour présenter un nouveau camarade, Yohann. Le jeune adolescent blond et longiligne se voit vite affublé d’un surnom : « le sac », à cause de l’aspect du sien, fort coloré.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A 4 mètres du sol rappellera inexorablement à tout lecteur sorti de l’adolescence une période particulièrement riche de sa propre vie. Le scénario de Charlotte Erlih et Philippe Barrière livre un moment tout à fait représentatif de cette époque avec une histoire qui balaie l’essentiel des émotions propres à la période dite ingrate. Les romances, le harcèlement moral, l’amitié, l’intégration des nouveaux, la solidarité, les coups bas, la rébellion à l’autorité parentale… Qui n’a pas connu ces phases de cette époque si riche en sensations fortes ? Les lavis vivement colorés amènent du peps au récit classique du quotidien d’un groupe d’amis liés par des petits bonheurs et des petits drames bien de leur âge. Les yeux en billes noires des personnages figent un tantinet les expressions tout en les accentuant. Le trait nerveux de Stéphane Soularue, avec son aspect crayonné, offre un visuel vivace s’accordant à l’énergie de la jeunesse par son aspect « non lisse ». L’accent est porté sur les relations, les sentiments et l’innocence qui, peu à peu, s’échappe de chacun d’eux. Les caractères s’affirment, même chez les moins hardis et Raoul le meneur du début connaitra la descente de son piédestal qu’il pressent inconsciemment dès l’arrivée du nouveau. Un album plein de vie qui rappellera des souvenirs aux uns et offrira aux autres un miroir utile pour traverser l’adolescence, période constructrice de la vie à venir.