L'histoire :
Alfonso est un jeune américain. Comme tous les immigrés italiens, il est raillé, moqué pour sa condition de jeune rital. Une injustice qui le poussera à s’affirmer de plus en plus dans une rivalité nourrie par le ressentiment de devoir en faire beaucoup plus pour obtenir un peu de considération. Fils d’une famille très pauvre, Alfonso est livré à lui-même et doit apprendre la débrouille pour survivre. Mais à force de traîner dans les rues, Alfonso n’a pas que de bonnes fréquentations. Celles-ci lui donnent pourtant le droit d’exister et de se forger, au fil du temps et de ses méfaits de plus en plus violents, le surnom de « Scarface ». Surnom qui lui est affublé lorsqu’il embrasse une activité illégale mais particulièrement rémunératrice dans la contrebande d’alcool et la prohibition. Il va d’ailleurs en profiter pour construire son empire qui le verra devenir Al Capone, le gangster numéro un des Etats-Unis. Ou plutôt ce que lui considère être comme le justicier de la noble cause ritale. Du moins de son point de vue. Comme il le raconte à sa mère, depuis sa cellule dans la prison d’Alcatraz…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Même si sa notoriété est planétaire, la vie d’Al Capone recèle encore bien des mystères. A tel point que ceux-ci nourrissent le mythe de Scarface. Et puisque la frontière entre le réel et l’imaginaire, voire l’inimaginable est fort ténue, Al Capone veut faire croire qu’il s’est érigé en véritable robin des bois. Et même s’il s’est forgé sa réputation dans la contrebande d’alcool et dans toutes sortes d’activités mafieuses, Al Capone se dit être au service des autres. Il est donc bien plus simple et plus logique d’entretenir l’imaginaire collectif en le laissant conter sa propre histoire avec sa propre vision des choses, plutôt que de comptabiliser tous les meurtres dans lesquels il a été directement ou indirectement impliqués. C’est en tout cas l’option choisie par Swann Meralli qui s’est tout de même bien documenté pour réaliser son œuvre (récemment mise en vente, la gigantesque villa d’Al Capone est parfaitement reproduite). Le dessin de Pierre-François Radice peut apparaître simple, mais chaque case propose une multitude de détails qui plongent le lecteur au cœur du récit. Le découpage est parfait et imprime une cadence soutenue à un récit qui s’étale pourtant sur plusieurs années. Le choix éditorial est judicieux et alimente ainsi la thèse selon laquelle le plus gros gangsters de tous les temps aurait péri à cause de ses troubles psychologiques (hallucinations, paranoïa…). Bref, on se prête facilement et avec fascination à la manipulation orchestrée par le narrateur.