L'histoire :
C’est un grand soir pour Cathy, chercheuse dans le grand laboratoire pharmaceutique PharmaCom. En effet, la PDG Françoise Borel organise une grande réception dans sa villa moderne pour fêter l’arrivée sur le marché d’un médicament révolutionnaire. Le développement de l’antipsychotique Zandler a été confié à l’équipe de Cathy, et il promet de beaux jours à la firme. Mais alors que les discours commencent, un individu fait irruption dans le séjour, un révolver à la main. Il est visiblement instable et tout le monde reste pétrifié lorsqu’il pointe son arme sur Cathy et Françoise. Soudain, il retourne le canon de l’arme sous son menton et se suicide devant tous les invités. Le lendemain, Cathy finit par jeter sa robe de soirée maculée de sang, qu’elle ne parvient pas à laver. Il va falloir qu’elle vive avec cette image terrible en souvenir… mais son mari et son jeune fils Adrien, qui étaient parmi les invités, aussi ! Cathy s’inquiète pour son fils, déjà suivi par des psys pour un « trouble de la personnalité évitante » et une fascination morbide. D’ailleurs, Adrien ne semble pas du tout s’émouvoir du suicide public de cet homme, appelé Milan Slojik. De retour au labo, Cathy apprend que ce suicide devrait rester confidentiel : la plus grande discrétion a été demandée à tous les convives. Néanmoins, un ami journaliste l’appelle pour lui dire qu’il est au courant et il lui donne rendez-vous à l’extérieur. Il l’informe alors que Slojik faisait partie des cobayes du Zandler et qu’il avait commencé à déployer de violents symptômes. Cathy est d’autant plus inquiète qu’elle administre en cachette ce médicament à son fils…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il va vous falloir patienter un chouya pour découvrir la conclusion de ce thriller d’espionnage pharmaco-industriel… prévu en deux tomes. Or cette mise en bouche donne gravement le ton et nous embarque très rapidement dans un engrenage dramatique, dès le choc du suicide du cobaye du Zandler en page 9. On pense évidemment aux récents scandales en milieux pharmaceutiques (le Médiator dans les laboratoires Servier). Le sujet cerne bel et bien les tests truqués pour dissimuler la dangerosité de certains médicaments trop rentables pour être abandonnés. Dans ce tome 1, le personnage principal de Cathy est sur la brèche : elle est à la fois celle qui a développé le médicament, en tout professionnalisme – elle ignore vraiment ses dangers – et l’Irène Frachon qui s’apprête à jouer le rôle de lanceuse d’alerte. Evidemment, de sombres officines se mettent aussitôt en branle pour étouffer l’affaire et des problématiques familiales entrent aussi en jeu (le mari lance son entreprise ; le fiston est sous traitement du fameux médicament). Initialement, Alerte était prévu pour devenir une série TV sur le RTBF… mais c’est finalement en BD que Johan Massez la met au point, en auteur complet. Il n’a pas grand-chose à apprendre en matière de suspens, de séquençage et de psychologie de personnages : on est véritablement happé par la narration et la tournure des évènements. Proche de celui d’Ivan Lepingle, c’est-à-dire une sorte de ligne claire rehaussée d’un nuancier restreint d’aplats de couleurs, son dessin est assez limité sur l’expressivité des personnages, mais très immersif quant aux décors contemporains (les architectures intérieures).