L'histoire :
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Brest a particulièrement souffert. De grands chantiers de reconstruction poussent un peu partout dans les ruines de la ville. Avec l’aide financière du plan Marshall, bulldozers, grues et camions de gravats dansent un incroyable ballet, qui s’accompagne du surgissement de ponts et de routes toujours plus larges pour favoriser la circulation. En attendant, la famille Quélennec loge dans une cité de baraques provisoires, mise en place par les américains. Les ados Louise et Gaspard s’amusent à espionner leur entourage, et notamment le nouveau petit ami de la voisine Marguerite. La famille fait ainsi connaissance avec Gustave, le rédacteur en chef du Quotidien de Brest. Et ça tombe bien, car Louise se sent pousser des ailes de journaliste. Elle prouve d’ailleurs lors d’un diner qu’elle est plutôt bien informée de la situation politico-sociale. Gustave lui promet un stage au sein de son journal. Mais pour l’heure, les ados jouent aux explorateurs dans une grotte abandonnée par les boches. Ils y récoltent un harmonica et une caisse pleine de bon vin ! Puis avec l’aide altruiste de l’ami Barnabé, la famille Quélennec peut concrétiser un sacré projet d’avenir : construire un hôtel-restaurant.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec l’aide des carnets de mémoires retrouvés dans des archives familiales, Yan le Gat conclut la retranscription BD d’une Histoire des conflits qui ont ponctué la France au XXème siècle, à travers trois générations d’une même famille bretonne, les Quélennec. Ce troisième et dernier volume prend la suite directe du précédent, c’est-à-dire au lendemain de la victoire alliée sur l’Allemagne nazie. La « petite » histoire des Quélennec met alors en scène essentiellement les ados Louise et Gaspard, dont les vocations respectives nous permettent ensuite d’aborder les faits majeurs par le biais didactique idoine. Journaliste de formation, humaniste, progressiste et dotée d’un caractère entier, Louise donne ainsi son avis sur le plan Marshall ou sur la réconciliation avec les collabos. Elle part en reportage sur le front de la guerre d’Indochine et au procès des nazis en Israël. Côté Gaspard, son engagement militaire nous emmène à Berlin Ouest à la veille de l’édification du mur et sur le front de la guerre d’indépendance algérienne, sur fond de jazz et de rock’n roll. Régulièrement, des annotations en bas de page parachèvent l’axe pédagogique, pour une période majoritairement centrée sur les conflits de décolonisation. La grande plus-value de cette trilogie est de parvenir à aborder avec précision – et sans excès patriotique ! – des faits historiques souvent sensibles, sans que la narration principale ne tourne jamais au doctoral. La légèreté du dessin très stylisé de Pierre Fouillet permet de s’adresser à un jeune public, malgré les aspects horribles et kafkaïens de la guerre, au sens général.