L'histoire :
Été 1962. Isoé et son tomaé Goro parte en mer sur leur barque. Elle est la meilleure ama de l'ile d’ Hegura : elle pêche des ormeaux, ces mollusques à coquille unique. Elle pêche nue et en apnée, comme le veut la tradition. De retour à terre, elle accueille sa nièce Nagasi qu'elle ne connaît pas. En effet, sa sœur Chitosé a quitté l'île il y a 20 ans sans jamais y revenir. A peine débarquée sur la terre ferme, elle assiste à un conflit entre Yusuké, employé de la coopérative de pêche et Saéko, une autre ama, au sujet de prix pratiqués sur la vente du jour, toujours trop bas. Le soir venu, les femmes échangent un bref instant sur Chitosé. Le ton monte vite. Dès le lendemain, Nagasi observe Isoé depuis la barque en compagnie de Goro. Sa tante ne la ménage pas, puis évoque la lettre envoyée par sa sœur lui demandant d’accueillir sa fille. Elle qui vient de Tokyo, douce et délicate, commence alors à apprendre ce rude métier de femme à la peau tannée comme du cuir. L’initiation débute par la technique du kachido, la pêche avec un tonneau...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La découverte d’un pan de la culture nippone sert la toile de fond d’un drame humain et familial. Nagasi a été envoyée par sa mère sur l’île afin de la protéger du déshonneur qui l’accable. Ainsi, elle reproduit malgré elle un cycle qu'elle-même à vécu vingt ans plus tôt. Nagasi se confronte à un rude métier et à ses traditions. Elle se libérera de ses chaînes culturelles pour mener sa propre vie et faire ses propres choix... mais son cœur restera attaché à ce métier et à la mer. L'idée d'une tranche de vie sur fond de tradition est exploitée avec un scénario fluide et bien construit. A cela s'ajoute un trait simple et épuré, un traitement des couleurs en trois nuances et des cases sans bulles qui permettent de savourer les silences et les sensations qu'ils procurent. Nul besoin de mots pour s’exprimer parfois. L'originalité de ce one-shot réside essentiellement dans cette pêche traditionnelle et son impact sur une vie. La tranche de vie, quant à elle, suscitera l’intérêt des lecteurs de chronique sociale, les amateurs de secret de famille parfois houleux à porter.