L'histoire :
En 1942, Aurora, une fillette chilienne, ouvre le ventre de ses poupées pour comprendre comment fonctionne le cœur qui se trouve théoriquement à l’intérieur. Evidemment, elle ne trouve rien… et c’est décevant. Elle abandonne ses poupées et grandit. Dans un jardin peu entretenu, les poupées abandonnées finissent recouvertes d’humus et de champignons sauvages. Une vingtaine d’année plus tard, Aurora vient de passer un concours de validation de ses études en médecine. Or elle a pas mal réussi : elle est 3ème sur la la liste d’appel, ce qui la place au premier rang de son amphithéâtre de Santiago. Aurora est intelligente, assidue, courageuse et compte bien devenir un grand médecin. Avec son groupe, elle reçoit un cadavre sur lequel ils pourront travailler à l’envi pendant le premier semestre. La première incision lui retourne un peu les boyaux, mais Aurora reste finalement concentrée sur son manuel et se retrouve élue à l’unanimité « présidente » de son groupe. Elle fait la connaissance du jeune assistant qui leur est assigné, Simón. Elle en tombe aussitôt secrètement amoureuse. En sa compagnie, les dissections s’avèrent particulièrement instructives. Simón est très présent aux côtés de ses étudiants, il les accompagne en sorties ou en soirées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur fond d’études de médecine dans le Chili des années Pinochet, Anatomie d’un cœur s’avère une histoire d’amour classique et néanmoins touchante. La petite subtilité du titre offre un double sens au mot « cœur » : régulièrement dessiné sous sa forme vasculaire précise, comme objet d’étude, il est aussi l’organe romantique qui fait vaciller Aurora durant tout l’album pour son aîné Simón. Les deux se côtoient, se rapprochent, s’entendent bien, travaillent ensemble, mais ne se fréquentent finalement jamais. Et voilà. C’est atroce, une vie qui se déroule sur un amour manqué. L’autrice Antonia Bañados appuie cette histoire sans doute partiellement sur ses souvenirs de famille. Chilienne elle-même, elle en profite pour brosser, en toile de fond, une peinture de la société sous la dictature Pinochet… mais l’Histoire et la Mémoire ne sont pas précisément le sujet. Son dessin est simple, stylisé sur la narration autour d’Aurora (surtout) et de Simón, complété d’une bichromie bleue (avec parfois un peu de bichromies ocre et/ou rose tendre). Tantôt, des organes ou des dissections particulièrement réalistes montrent que le sujet médical la passionne.