L'histoire :
En 2006, à Montijo au Portugal, Madeleine observe une photo sur un buffet. Quelles sont les personnes qui se trouvent sur ce cliché ? Son père essaie d'esquiver la question, prétextant qu'il ne la voit pas de là où il est assis. Elle lui demande si c'est lui le garçon. Il répond oui, mais reste évasif. Qui sont les dames à côté de lui ? Il dit que ce sont ses sœurs. Elle ne savait pas qu'il avait deux sœurs ! Habitait-il dans cette maison ? Il répond oui, mais pas à Lisbonne, à Montijo. Mais tout cela est trop compliqué. La conversation s'arrête là. Des années plus tard, Madeleine se rend chez sa grand-mère, qui lui a cuisiné un bon petit plat. Elle précise que c'est un plat qu'on mange lorsqu'on n'a pas d'argent. Madeleine est choquée : elle n'a pas d'argent ? Sa grand-mère lui répond qu'aujourd'hui ça va, mais ça n'a pas toujours été le cas, notamment quand elle est arrivée en France. Elle raconte qu'elle a fui le Portugal parce qu'il n'y avait pas d'argent là-bas, du temps de la dictature de Salazar. Pour Madeleine, Salazar est un personnage d'Harry Potter : Salazar Serpentard ! Face au mutisme de son père, et aux révélations de sa grand-mère, elle s'aperçoit qu'elle connaît très mal son histoire familiale et l'histoire du Portugal dont elle est originaire. Cette bande dessinée sera prétexte à délier les langues... et l'emmènera sur place, au Portugal.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Borboleta, la jeune autrice Madeleine Pereira raconte une histoire à la fois intime et globale. Ce récit introspectif et autobiographique est réalisé par ses soins, lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle connaît très mal son histoire familiale (et que son père est mutique sur le sujet). Elle fait donc aussi l'histoire du Portugal, dont sa famille est originaire. Elle comble les manques et ses connaissances. Mais le sujet est difficile à évoquer en famille, il soulève des souvenirs douloureux. Elle met donc en avant qu'elle travaille sur une BD pour recueillir les témoignages de son entourage. Mais aussi, elle se rend sur place, au Portugal, pour comprendre la période de la dictature de Salazar. Ses amis immigrés vont l'aider dans un premier temps, à renouer avec ses racines. Le personnage de Madeleine navigue ainsi à travers les époques et les lieux, pour mener son enquête. Elle échange avec des gens qui ont vécu la dictature, ou qui en savent plus sur son histoire personnelle. Elle replonge dans l'époque et le lecteur revit les moments forts que ces personnages ont traversé. Chacun a son vécu et sa vision des événements. En renouant avec son histoire personnelle, elle renoue aussi avec l'Histoire. Le récit est touchant et bien mené. En apparence naïf, le dessin s'accorde très bien à la narration. Il y a simplement quelques moments où il est difficile d'identifier les personnages, mais ce n'est pas systématiquement le cas. Ce roman graphique réussi s'attarde sur la quête d'identité.
