L'histoire :
La jeune Inès est en vacances avec son grand frère (bègue) Tristan, au camping des Flottiers. Elle l’arrose régulièrement en faisant des bombes à la piscine ou elle l’agace en lui balançant des lombrics sous le nez. Un jour de grand vent, alors que la météo est couverte et qu’ils promènent leur chien Pégase au bord de la haute falaise surplombant la mer, il leur semble apercevoir un immense et magnifique château à travers les nuages. Pégase devient comme fou de se met à courir tout au bord. Prenant peur pour leur chien, Tristan et Inès courent à leur tour et le rattrapent de justesse avant qu’il fasse une chute mortelle. Hélas, le morceau de falaise où ils se trouvent se détache. Et ils tombent. Quand elle reprend ses esprits, Inès est roulée par les vagues, sur la plage. Elle entend Pégase qui aboie devant le corps de Tristan. Elle craint le pire pour son frère et tente de le réveiller… mais elle s’aperçoit alors que ses propres mains sont devenues comme vaporeuses : elles semblent s’envoler à moitié dans le vent ! Tristan revient à lui et se trouve dans le même état de semi « transparence ». Son smartphone s’est cassé dans sa poche et… la falaise d’où ils sont tombés n’est plus là ! Auraient-ils dérivé un peu plus loin sur le littoral ? Ils remontent néanmoins la butte devant eux et débouchent sur... le mirifique château qu’ils avaient vu dans les nuages, au pied duquel se trouve une grande ville fortifiée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Décidément, les mondes des merveilles imaginés par Lewis Caroll pour sa petite Alice font très régulièrement des émules. Ici, une fillette et son grand frère tombent d’une falaise et se réveillent dans un autre pan de la réalité, qui répond à une autre structure sociale que la nôtre, avec d’autres lois métaphysiques et politiques que nos normes. La page 13 en case géante, montrant le château sur un piton et sa cité alentours, accorde la pleine mesure au graphisme original de Timothée Léman et fait écho à bien des illustrations féeriques médiévales. Nous voilà partis pour un premier tome de 92 pages très riche en détails merveilleux, sur 4 tomes prévus pour l’adaptation du roman éponyme de Julia Thévenot, dont les publications s’étaleront jusque mars 2026. Inès rebaptisée Ignace découvre dès lors ce nouveau monde de Bordeterre, où les choses tournent avec des chansons ( ! ), à la manière de l’électricité ici-bas. Elle découvre des bestioles curieuses, des coutumes étranges, des amitiés biscornues, des mécanismes flippants, des problématiques sociales embarrassantes… Le lecteur s’immerge déboussolé dans ce monde et en découvre les principes de manière linéaire, au fil d’un dessin très stylisé et besogné, mais aussi très (très) chargé et donc pas toujours lisible, et d’une narration qui a tendance à abandonner en cours de route les nombreuses ficelles qu’elle a tirées. On ne pourra pas reprocher à Julia Thévenot de manquer d’imagination… mais peut-être à son adaptateur de ne pas avoir tout à fait réussi à la canaliser/structurer.