L'histoire :
C’est une journée pas comme les autres au zoo de Vincennes. Toutes les grilles, tous les portails, tous les accès ont été condamnés. A travers les hauts parleurs, les soigneurs préviennent et rassurent les visiteurs : « Pour votre propre sécurité, nous vous demandons de patienter calmement dans l’enceinte du parc zoologique ». Jeunes, vieux, familles, les visiteurs n’ont pas le choix que d’attendre qu’on leur explique ce qu’il se passe… et qu’on leur indique la suite des évènements. Certains tentent quand même de trouver une échappatoire, en grimpant au-dessus des murs ou en sectionnant des grilles, par exemple. La petite Yasmine dans sa poussette dirigée par son papa a perdu son doudou, un éléphant bleu. Le papa a déjà mis des affichettes un peu partout pour le retrouver. Ils rencontrent soudain un troupeau d’antilopes dans une allée normalement réservée aux humains… Aïe, il semble que le problème vienne d’animaux qui se sont échappés ! Heureusement que les antilopes sont herbivores. Malgré les appels à l’immobilisme, Yasmine et son père passent par l’ouverture créée par des visiteurs à travers le grillage, pour retrouver le monde civilisé et rentrer chez eux. Pendant ce temps, dans l’enclos des singes, l’évasion s’organise différemment, selon les conceptions hétéroclites de ce grand jour de sortie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre de cet album est quelque peu flou… le propos l’est tout autant, même si on comprend que le scénariste Thomas Gosselin ait souhaité remettre en perspective la place de l’homme vis à vie de l’animal, en une sorte d’allégorie aussi absurde que décalée. En gros, dans cette histoire, les animaux du zoo de Vincennes accèdent soudain à une forme de conscience aigüe de leur condition. Et ils tentent de s’en échapper, à partir des maigres éléments de savoir auxquels ils ont pu avoir accès au cours de leur existence. Par exemple, lorsqu’ils trouvent une serrure, ils déduisent sa finalité, mais ils s’interrogent sur la bonne manière de s’en servir à partir des objets d’un sac à dos : corde, sécateur, clé, marteau. Ils devisent ainsi tout au long des 120 pages, sur le sens de la vie, négociant tantôt avec leur instinct primaire (manger, forniquer), tantôt entre eux pour décider de la bonne solution de sortie à trouver (par-dessus le mur d’enceinte, ou via les portes et les coursives cachées dans le rocher central ?). Or c’est extrêmement confus, notamment parce que le dessin à la gouache en bichromie de Benoît Guillaume n’est pas franchement net. On confond parfois les animaux entre eux (Jeannette ressemble à un chien, mais c’est un singe), on se demande très régulièrement ce qu’ils font, lors de séquences incompréhensibles (p.87-88)… Bref, c’est un bazar graphique et narratif, confus sur le propos et l’aboutissement, bien que l’idée de départ ait pu être intéressante.