L'histoire :
Alors que l’angélus résonne au lever du jour sur une petite ville du sud de l’Italie, Nicà et ses deux potes zonent déjà dans les rues. Ils parlent du combat de dimanche prochain et de la probable victoire d’Aleandro, l’enfant du pays. Ils croisent justement Miché, ancien boxeur devenu toxico, sur le chemin de son dealer. Ce dernier, Toni, est tout excité par le combat à venir et se rappelle ceux de son visiteur, il y a dix ans de ça. Mais U’Boxer préférerait qu’il se taise. Il envoie deux doses qu’il paiera plus tard. L’autre tente bien de discuter, mais pris à la gorge par le molosse, il cède rapidement. En préparant son shoot, Miché demande ce que fout la girafe dans le box des jumeaux. Toni explique qu’ils l’ont volée au cirque, dans l’intention de demander une rançon… C’est bien une idée de tarés, ça. Pendant ce temps, près du terrain de foot, Nicà et ses potes parlent du hold-up raté de la poste par quatre jeunes du coin. Un vrai carnage, dont ils vont devoir répondre devant la justice, alors qu’une quatrième victime vient de succomber à ses blessures à l’hôpital.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La cité des trois saints c’est un peu Gomorra transposé en bande dessinée : un univers rude avec des jeunes qui n’ont qu’une conscience limitée de la portée de leurs actes, au beau milieu de mafieux aguerris qui les utilisent comme des pions pour étendre leurs empires malfaisants. Le crayonné fin de Vincenzo Bizarres livre une galerie de personnages à la personnalité bien trempée, que son dessin figure parfaitement. Ici, tout est rude, même les amours. Ça ressort dans l’ambiance tendue et la coloration vert de gris, d’où se détache seulement l’orangé du soleil. Le scénario est quant à lui à la hauteur d’un bon polar mafieux où l’on voit poindre la formation en scénario cinématographique de Stephano Nardella. La découpe du récit pourrait provenir d’un film, avec la simultanéité alternée et une mise en scène léchée, comme lors de l’affrontement final où il ménage le suspens par des plans et un découpage jouant avec nos nerfs à ce moment clef du récit. De facture à la fois classique et actuelle, La cité des trois saints sonne cruellement vrai, comme la chronique d’un quotidien sous le joug de la violence et de la soumission. A braquer direct !