L'histoire :
C’est le matin de la rentrée en classe de Terminale, le soleil se lève. Chez elle, Margot est réveillée par les posts de ses amis sur son smartphone. Ali, d’origine turque, vient à peine d’emménager avec ses parents dans cette ville sur une île et se prépare au milieu des cartons. Gregory Maréchal, prof de philo qui nourrit une ambition d’écrivain, prend son café chez lui avec les intestins noués. Tous trois convergent vers le lycée. Pour Margot et Ali, ça commence par un court d’Arts plastiques. Nouveau-venu, Ali se fait griller sa place à côté de Margot par Simon Bataille, un gros type chevelu, malpoli mais jovial. Margot a changé durant l’été, en bien plus sexy. Tous ses copains le remarquent, Monsieur Maréchal aussi, qui débute par un premier cours austère, pour bien donner le ton. Margot sent aussi que son corps a changé… des pulsions bizarres l’habitent désormais. Elle regarde Mr Maréchal différemment, comme subjuguée. Il semble que la réciproque existe : Maréchal est quelque peu troublé. Le soir venu, tandis qu’elle prend un bain dans la mer glacée, Ali chez lui expurge ses frustrations en dessinant. Son père l’agace et Margot ne lui est pas insensible. Les informations annoncent qu’un cyclone est en approche. Ce serait un phénomène curieux sous ces latitudes, mais cela expliquerait l’échouage des dizaines de baleineaux sous les falaises du littoral…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Ton corps change, ça n’est pas sale »… La thématique des métamorphoses adolescentes et de la relation amoureuse / nocive transgénérationnelle n’est pas nouvelle. Elle a inspiré par exemple le roman Lolita de Nabokov, en passant par les films Noces blanches ou L’amour est un crime parfait. Elle s’accompagne généralement d’un drame pour bien souligner sa dimension contre-nature. Clément Baloup nous campe donc Margot (proscrite en couverture), perturbée par ses propres charmes, qu’elle refuse, mais qu’elle utilise pour séduire son professeur en classe de Terminale. Le scénariste anime aussi d’autres personnages qui évoluent en tant que spectateurs ou dommages collatéraux de cette histoire. La métaphore avec la situation météo dévastatrice du moment et du titre est évidente, tout comme l’usage récurrent de l’eau, élément érotique et expiatoire. Tout cela est sobrement mis en images par l’insaisissable Marion Mousse, qui utilise encore une technique graphique nouvelle. Son dessin stylisé est savamment cadré et découpé, et visiblement complété d’une étonnante colorisation aux feutres. On ressort de ce one-shot légèrement tourmenté par la tournure des évènements, mais toujours plus indemnes que ses personnages.