L'histoire :
Julius Crèvecœur est détective privé à Hambourg en 1930. Ce matin-là, il se réveille après avoir encore rêvé d’incarner le plus grand détective de son époque, encensé par les médias. Hélas, la gloire et la fortune sont bien loin de la réalité. Son assistant Herr Chang, d’origine chinoise, passe le réveiller comme chaque matin, dans son appartement du Chinatown de la ville. Ensemble, ils assistent à une énième ratonade des jeunesses hitlériennes sur un petit commerçant chinois… mais ils ne s’en mêlent pas. Ils se rendent en tramway au manoir de la famille Stein, où ils ont été convoqués pour se voir confier un contrat. L’affaire se présente on ne peut plus classique : Madame Stein craint que son mari la trompe. Il est souvent absent, travaille tard… il doit forcément avoir une liaison. Lors du rendez-vous, Julius et Chang constatent que la présence d’un chinois dans le duo n’est pas pour ravir madame Stein, ni sa servante Anna. Ils prennent l’enveloppe contenant les 30% d’acompte et débutent l’enquête sitôt la porte passée. En espionnant le vieux Stern, ils éloignent d’emblée la piste de l’adultère. Ils découvrent que l’homme a plutôt le profil du joueur qui est en train de dilapider sa fortune en pariant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette Extraordinaire traversée de Julius Crèvecoeur se présente sous la forme d’un polar en huis-clos, dans le milieu confiné d’un paquebot de croisière dans les années 30. Tout apparait classique, de la base de l’intrigue au registre narratif, en passant par le profil du héros : un détective en trench-coat, avec chapeau fedora, pipe au bec et un jeune assistant malhabile. Pourtant, quelques subtilités (que nous tairons) permettent à cette enquête scénarisée par Julian Voloj (un auteur allemand et colombien vivant à New York !) de tirer son épingle du jeu sur la fin et surtout d’expliquer une narration légèrement flottante et des fausses pistes qui apparaissent initialement comme autant d’éparpillements secondaires. Le dessin de la chinoise Chendi est tout aussi mitigé. Original dans son style plutôt abouti, cette griffe soigne les décors et les ambiances, surtout dans l’écrin du grand format choisi par les éditions Sarbacane. Hélas, elle ne permet pas de s’attacher aux protagonistes, en raison d’une expressivité aussi embrouillée que les visages sont sommaires et ressemblants.