L'histoire :
Sara partage sa vie avec un homme, qu'elle ne voit qu'une semaine sur deux et avec lequel elle envisage de s'installer. Elle est impatiente, car l'anniversaire de sa moitié approche à grands pas. Elle lui propose pour cela de venir chez elle. Lorsqu'elle le retrouve, Sara est excitée, impatiente, amoureuse, mais elle voit très vite que quelque chose ne va pas. Elle insiste un peu, même si son copain lui assure que tout va bien... Et puis, il finit par parler, même si sa psy et ses parents l'ont mis en garde, lui ont dit qu'il valait mieux ne rien dire à sa petite amie. Sara sent l'angoisse monter. Elle voit le pire arriver : son amoureux va t-il la quitter ? Serait-il atteint d'un cancer en phase terminale ? Rien de tout cela. Voilà, son ami s'est rendu compte qu'il n'est pas un homme, qu'il se sent femme. C'est le bordel dans sa tête. Elle sait que cela peut avoir un énorme impact sur sa famille, sur sa relation... Sara pousse un grand soupir de soulagement, ce n'est pas si terrible ! Mais lorsque sa/son compagne/on Diana lui demande ce qu'elle en pense, un milliard de questions se bousculent dans son esprit : et si elle n'aimait pas ce changement ? Est-elle toujours hétéro ? Que dira son entourage ? Est-ce qu'il y aura une opération ? Sara est honnête : elle ne sait pas si cela pourra fonctionner. Alors, face à cette réaction, Diana finit par revenir en arrière. Ce n'est pas si important, elle préfère ne pas impacter sa relation, ce n'était peut-être qu'un caprice. « Elle » restera « il ». Mais le sujet finit par revenir sur la table. Diana veut vraiment changer de genre et l'affirmer. Elle ne peut plus vivre dans le déni.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La question de la transidentité est de plus en plus évoquée à travers différents supports (cinématographiques, littéraires, etc). Souvent, elle est traitée par le prisme de la personne en transition. Pour sa première bande dessinée, Sara Soler, autrice espagnole, aborde la question de la transidentité par l'intermédiaire de son expérience personnelle en tant que conjointe d'une personne trans. Ce point de vue est intéressant et permet de comprendre les inquiétudes, les questionnements, les peurs, mais aussi les bonheurs, par lesquels peuvent passer les proches d'une personne trans. Elle l'explique dès les premières pages d'introduction, lorsqu'elle se présente avec Diana : ce récit est autobiographique, il est le reflet d'une expérience unique et personnelle. Lorsque Diana a commencé sa transition, les deux femmes ont été confrontées à la transphobie et à la misogynie. Sara comprend qu'il faut donner de la visibilité à la réalité trans, pour lutter contre l'ignorance et la désinformation. Et elle le fait avec beaucoup d'humour ! L'autrice a pris le parti de représenter ses personnages avec un visuel cartoonesque. Elle matérialise les personnes qui ont eu des réactions déplacées par un personnage sans visage, pour être la plus neutre possible. On notera aussi le choix des couleurs, très binaire, à l'image de la société : du rose et du bleu, qui se mélangent dans les planches. Un pied de nez aux préjugés, qui montre que nous sommes tous pluriels et qui met en avant que nous pouvons évoluer. Cette histoire d'amour tendre et drôle montre que les sentiments sont plus forts que les normes sociales.