L'histoire :
Matéo, Richard et José, trois potes du lycée adorateurs de la BD Héros, se réunissent souvent le soir dans un manoir en ruine, pour élaborer ensemble leur propre série BD inspirée de cet univers. Ils sont globalement enjoués sur le ton tumultueux et fantastique à insuffler à leur saga, mais pas sur le titre : Héritier se dispute avec Legacy. Ils débattent de l’orientation à donner, lorsque soudain, un inconnu blessé au ventre fait irruption. Il transmet une mystérieuse fiole à Richard et s’effondre sur le sol. A l’extérieur, des hommes cagoulés et armés sortent de leurs 4x4 et braquent des projecteurs sur le bâtiment. Les trois ados fuient par derrière, en enfourchant leurs vélos. Poursuivi par des hommes armés, Richard pédale comme un forcené, jusqu’à rejoindre la ville. Au milieu d’une rue, se tient immobile un jeune homme qui, d’un simple geste de la main, stoppe net son vélo. Richard valdingue sur le bitume, se fait une fracture ouverte du coude et la fiole se brise. Une émulation fantastique réagit aussitôt sur le sol et s’empare de Richard. Avant de s’évanouir, Richard entend le jeune homme lui dire que « c’est maintenant que tout commence »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Albert Torner et Marc Garreta, les auteurs de ce bien nommé Héros, sont catalans et jusqu’à présent inconnus sur le marché BD franco-belge. Il n’en demeure pas moins qu’ils déboulent chez Sarbacane avec ce premier volume – sur un diptyque prévu – avec une aventure fantastique de belle densité et la folle ambition de mélanger l’univers de Lovecraft avec celui des super-héros. L’ambiance de cette mise en bouche de 148 planches – l’équivalent de 3 albums « 46cc » – se rapproche beaucoup de la série TV Stranger things : des jeunes à l’âge des premiers flirts se retrouvent malgré eux confrontés à un phénomène chtonien tout droit sorti des sous-mondes immondes de HP Lovecraft, avec des entités maléfiques pleines de tentacules et de dents proliférantes. Ils héritent aussi de super pouvoirs vraiment très puissants, mais il fallait bien ça pour combattre les créatures démesurées qui déboulent dans notre réalité contemporaine. Les scènes d’actions sont nombreuses, la plupart du temps excessives dans leur dimension rocambolesque et fantastique. De même, bien des palabres superfétatoires ajoutent des tensions un peu cousues de fil blanc et auraient pu être évités. Mais au moins les auteurs vont-ils au bout de leur dynamisme. Ça dépote et ça plaira sûrement au public adepte du registre, même si ça a un léger parfum de déjà-vu.