L'histoire :
Iris se réveille au milieu de la nuit, en sueur. Elle regarde autour d’elle, tout va bien. Son mari dort paisiblement et elle retrouve sa vie prometteuse. Car Iris est écrivaine et elle est une très sérieuse postulante pour recevoir le Renaudot, un prestigieux prix littéraire, pour son dernier roman. Mais elle vient de vivre un cauchemar plus vrai que nature. Dans son cauchemar, elle s’est mariée avec son ex, qui est devenu un sombre alcoolique, chômeur, faible, obèse et incontinent, en prime. Dans ce cauchemar, elle est réveillée par une odeur de merde : son mari vient de s’oublier dans leur lit. Dans ce cauchemar, elle est vendeuse au quotidien dans un supermarché Leclerc, elle a une vie de merde, dans un pavillon de banlieue de merde, et elle est mère d’un fils qui a une déficience intellectuelle. Et elle culpabilise parce qu’il y a toutes les chances que ce soit elle, la responsable du sous-développement cérébrale de son fils, pour avoir continué à fumer pendant la grossesse. Bref, iris se réjouit que cela n’ait été qu’un très mauvais rêve. Le problème, c’est que ce rêve revient chaque nuit… et qu’il est d’un réalisme saisissant. Au point qu’Iris commence à se demander s’il s’agit vraiment d’un rêve. Est-elle en train de vivre deux vies à la fois, diamétralement opposées ? Est-elle devenue schizophrène ? Ou est-celle en train de subir une faille quantique et métaphysique de dédoublement de sa destinée ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Anne-Laure et Naomi Reboul nous livrent là un surprenant et admirable thriller psychologique, en one-shot. A travers l’expérience psychologique et/ou mystique, et/ou quantique de leur héroïne Iris, qui a la sensation désagréable de vivre deux vies à la fois – une chouette et une abominable – les frangines interrogent sur plein de choses à la fois. En premier lieu, il est question du sens de la destiné. A chaque seconde de nos vies, une décision peut vous faire prendre un virage vers un destin merveilleux ou au contraire épouvantable. Quand on y pense, c’est vertigineux… Mais il est aussi question de la notion du réel. Est-il possible que la vraie vie soit celle des rêves nocturnes, et que la vie qu’on croit mener dans la réalité soit un rêve ? Et d’abord, c’est quoi, la réalité ? Cette histoire interroge encore sur l’origine de l’inspiration. Car l’une des « deux Iris » plagie le roman écrit par l’autre… et elle a des scrupules car elle a la sensation de voler un roman magistral, qui n’est pas d’elle. Or ses scrupules sont-ils fondés, étant donné qu’il n’existe « organiquement » qu’une seule Iris ? Elle rejette tellement la vie de merde vécue par cette autre Iris, qu’il ne peut s’agir d’elle-même. Enfin, il y a l’équilibre du yin et du yang. Tandis qu’un destin s’épanouit dans la douleur, un autre s’éteint dans la confusion. L’écœurante richesse culturelle et sociale doit-il finir par s’équilibrer avec le paupérisme désespéré ? La scénariste Anne-Laure Reboul s’était déjà fait remarquer avec La tomate et La marche. Elle s’associe pour la première fois à sa sœur Naomi, qui n’avait jusqu’à présent dessiné qu’une nouvelle, Intersaison (dans le recueil d’histoires courtes Bermuda). Cette histoire se situe dans le même registre que Ces jours qui disparaissent (Tim Le Boucher), mais aussi au roman de Stephan King Vue imprenable sur jardin secret. Malgré la petite facilité narrative qui consiste à ne jamais expliquer l’origine de ce dédoublement de personnalité, cette histoire a 100% de chances de vous happer pour ne plus vous lâcher.