L'histoire :
Face au médecin de l’Hôtel Dieu à Nantes, Jacques repense à la Polynésie Française… Il se souvient, 30 ans plus tôt, avoir copieusement cassé les esgourdes de ses marins de copains en les abreuvant régulièrement des refrains de son idole, le grand Jacques Brel. Il se souvient avoir terminé sa mélodie dans l’Océan, furieusement aidé par ses compagnons. Il se souvient avoir rigolé, avoir admiré avec eux cet incroyable et majestueux spectacle. Celui, répété à maintes reprises, d’un gros nuage en forme de champignon… Aujourd’hui, le médecin lui annonce la fin de la représentation dans 6 ou 8 mois : une prolifération massive et rapide gangrène son cerveau, pour une sympathique alternance de céphalées et d’hallucinations. Son cerveau part peut-être en compote, mais Jacques a pourtant bien une petite idée. Et comme le hasard fait plutôt bien les choses, il ne tarde pas à lui mettre dans les pattes un jeune matelot éméché. Un futur marin au cœur brisé qui pisse sur une ancienne gloire de la Marine : Le Maillé-Brézé. Tiens ! Justement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un vieux marin nostalgique choppé par le crabe, un jeune matelot cisaillé par une peine de cœur, un vieux bâtiment de la Marine Française pitoyablement transformé en musée et une bande de vieux copains…Voilà de quoi ciseler une belle histoire d’amitié, forte de loyauté et filigranée par l’appel du large et les mélodies de Jacques Brel. Un artiste dont le personnage central partage d’ailleurs le prénom, la brune sans filtre au coin des lèvres, l’amour des luminosités polynésiennes et plus douloureusement la maladie. Un projet en forme de joli bras d’honneur (piquer un bateau…) animera en tout cas cette sympathique petite bande. Dans cet entrelacs comique, tragique et onirique, la percussion de moult sentiments assure le tempo. On aime incontestablement l’idée, ses relents profondément humains distillés à renforts de touches pudiques et le mouvement marin qu’emprunte la machine du récit. On regrettera juste peut-être qu’à force de pudeur, la bascule émotionnelle n’opère que de légères oscillations. De même, on aurait bien aimé en connaître un brin davantage sur la vie passée de Jacques et de « ses compagnons » dont les reliefs semblent particulièrement appétants. Mais là n’était pas le sujet et la révérence tirée par Jacques est impeccablement trouvée. Illuminé par une colorisation parfaite, le coup de crayon de Thierry Bedouet assemble avec justesse cette dernière balade sur le Maillé-Brézé pour une incroyable lisibilité.
