L'histoire :
Paris, 1880. Dans la soirée, un jeune homme fait tinter la cloche d’une demeure bourgeoise. Gustave ouvre la porte et salut Monsieur Émile qui souhaite être annoncé à la maîtresse de maison. Madame a déjà une visite, mais le domestique va quand même s’enquérir de ce qu’elle souhaite. Malheureusement, il ne sera pas possible pour Monsieur Émile de voir Madame ce soir. Devant le malaise du jeune homme, Gustave précise que c’est le père de Madame qui est en visite. Rasséréné par cette nouvelle, Émile est quand même surpris. Une heure plus tôt, Berru essaie de convaincre Jacques Damour qu’il n’est pas un homme fini et il lui promet une belle surprise s’il accepte de le suivre. En se rendant chez madame de Savigny, le vieil homme ne semble toujours pas comprendre qu’il va retrouver sa fille. Et lorsqu’elle se jette dans ses bras dans un grand « Papa », il est tellement sous le choc qu’il l’appelle Madame…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adaptation de la nouvelle éponyme d’Émile Zola, Jacques Damour raconte la vie d’un communard balloté par les affres de la fin du XIXème siècle en France, outre Atlantique et en Outre-mer. A la fois loser complet et veinard verni, il mène la vie de ceux qui subissent. Il est malheureusement trop candide pour se faire une bonne place en ces temps où, déjà, les plus voraces ont le dernier mot ; ou les plus lâches, à l’image de Berru qui se situe entre le roi des emmerdeurs et le fidèle compagnon. Vincent Henry (Alexandre Jacob) transpose la nouvelle pour que Gaël Henry (Alexandre Jacob aussi…) mette en image une lecture fluide et riche d’expressivité pour ce classique. Le duo Henry et Henry montre donc une fois encore une bonne maîtrise d’ensemble, avec un récit bien construit enluminé d’une palette claire, un peu comme leur propre sépia pour figurer le passé. Documenté et vivant, toujours un peu militant, cet album fait la part belle à la liberté d’être et de penser des personnages principaux : une femme émancipée pour l’époque, un Bourvil avant l’heure et un Berru tel qu’il est dans l’inconscient collectif. Des plus naïfs aux plus fourbes, notre société d’aujourd’hui est représentée dans un cadre d’antan, mais les fondamentaux demeurent et ils n’impliquent ni dieu ni maître, juste une profonde humanité.