L'histoire :
La nuit est tombée sur Paris. A sa table de nuit, une jeune femme retire son collier tout en parlant de la situation du pays, aux portes de la guerre. Lorsqu’elle quitte la pièce, un monte-en-l’air apparait dans le reflet du miroir, pénètre dans la pièce et s’empare du collier resté seul. C’est à ce moment que la jeune femme revient dans la pièce et le surprend en plein forfait. Elle appelle Hector, son mari, à l’aide. Celui-ci s’élance à la poursuite du voleur et n’hésite pas à grimper sur le toit armé d’un révolver. Mais le chenapan est leste et le distance vite, de toit en toit, tout en rigolant de bon cœur. Tout à coup, le feu d’artifice du 14 juillet commence dans le ciel parisien. C’est le moment que choisi « l’écureuil » pour déployer sa cape, plonger dans le vide et atteindre de justesse une corniche en contrebas. Hector en est pour son compte et le voleur volant poursuit tranquillement sa haute route jusqu’à une statue de Pégase, elle aussi haut perchée, à qui il a l’habitude de confier ses butins. Le lendemain, 15 juillet 1870, sous le règne de Napoléon III, la Une de la Dépêche annonce la mobilisation contre la Prusse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’écureuil, un démon sur les toits, est la nouvelle création de Fabien Grolleau, cette fois entouré de Lou Bonelli et Benjamin Mialet pour la partie visuelle. Dans le Paris de l’été 1870, l’atmosphère est lourde au propre comme au figuré. La situation avec la Prusse a dépassé le stade critique et les citoyens sont au bord de la guerre civile. Dans cette agitation, seule une partie de la population y trouve son compte. Ce sont les voleurs, brigands et monte-en-l’air de tous poils. Avec un scénario mi-réaliste mi-poétique, cet album offre une histoire fraîche et intelligente. Grâce à un savant dosage bien réalisé, l’action, la situation politique et la tendresse remplissent les pages qui s’enchainent sans ennui. On y croise des personnages célèbres, comme Victor Hugo, qui est en lien avec le héros, et de beaux décors ourlés d’une coloration qui met l’ensemble en valeur. Le trait livre des personnages à grands yeux de chat, qui apportent une touche surréaliste. Paris est joliment représentée au fil des planches, qui bénéficient d’une lumière qui tranche avec le côté sombre de la situation de cette époque troublée. La défaite de Sedan qui précipite la fin de l’impérialisme français ne les délivre pas pour autant du conflit prussien. C’est donc sur un bombardement ennemi de la capitale et un rebondissement du scénario que se conclut ce premier tome facétieux et sérieux, tout comme l’écureuil !