L'histoire :
En 1907, devant un colleur d’affiches de rue, le petit Roger dit à sa maman qu’il veut en faire son métier quand il sera grand, ce qui déclenche l’hilarité de la petite famille. Il n’y prête pas attention, déjà perdu dans la contemplation d’un oiseau qui plane dans le ciel. 10 ans plus tard, pendant la Grande Guerre, il enchaine les petits boulots à très courte durée, tant il joue de maladresse ou présume de ses talents ou simplement quitte son poste de travail pour aller séduire une jolie passante. Les portes qui se ferment à son nez n’entament pas son optimisme. Un jour, alors qu’il s’offre une pause-cigarette, une affichette vient se coller à lui dans un coup de vent. Un constructeur d’avion cherche un mécanicien. À l’aise comme à son habitude, il n’hésite pas à emprunter en douce un biplan de l’entreprise, sans rien connaître du pilotage. L’atterrissage s’en ressent et l’avion encaisse de sérieux dégâts, mais laisse les occupants indemnes et ravis. Enfin, surtout Roger. De retour au hangar avec Pierrot, son compagnon de voltige, il positive toujours et compte bien réparer le coucou avant que Casagrande ne s’aperçoive de l’emprunt. « Quel vol, quand même ! ». Il parle de son envie d’apprendre à piloter, mais ne peut s’offrir les leçons. Pour les financer, il pourrait accepter la place chez Jules Richard, un ami de son père, qui pense que ça pourrait lui éviter d’être appelé au front. Roger, de son côté, ne veut rien lui devoir et en plus, il a envie d’aller « botter le cul des boches ». Les deux hommes s’affairent jusque tard dans la nuit. Au petit matin, assoupis dans la carlingue, ils sont réveillés par Casagrande…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’enragé du ciel, premier album du dessinateur Loïc Guyon, est aussi le surnom donné à l’arrière-grand-père de Joseph Safieddine (Paco, Le monstre, L’homme sans rêve…), le scénariste. À travers cette biographie documentée, c’est un hommage qui est rendu à un homme qui fit beaucoup pour la France. Passionné insatiable d’aéronautique, Roger Henrard réalisa ses premiers vols en complet autodidacte, faisant fi du danger que représentaient ces machines encore au début de leur histoire. Avec un entrain qui ne le quittera jamais, Roger dévore la vie par les deux bouts. Son patriotisme inné le mènera pendant la deuxième guerre mondiale à des faits de guerre qui montrent son indéniable courage et qui rendirent de précieux services aux alliés. Longtemps seul photographe autorisé à survoler Paris, il réalisa 1750 clichés de la capitale vue du ciel, dont quelques-uns sont dans l’album souvenir en fin de BD. Le trait vif de Loïc Guyon donne corps à la vie de ce personnage hors norme, que le jeune dessinateur teinte d’une patine d’antan bien à sa place. Dans un style naïf aux contours irréguliers, le dessin imprime du mouvement dans les scènes, offrant au passage la fluidité au récit qui s’étend sur 60 années environ. Les bulles à l’écriture manuscrite sont en phase avec l’ensemble et son traitement « à l’ancienne », tenant les promesses de la couverture, transporte d’emblée le lecteur à l’époque des biplans. Cette collaboration homogène et bien construite aboutit à un récit passionnant sur un homme qui, au-delà de ses exploits de pionnier, avait ses faiblesses : les femmes et un égoïsme candide qui causa des dégâts chez ses proches. Bref, un homme, quoi.