L'histoire :
Dès sa naissance, Hector Bibrowski souffre d’hypertrichose. Ce dérèglement congénital qui lui a été transmis par son père, se déclare par un excès de poils d’une longueur de 20 à 30 centimètres sur le haut du corps et plus particulièrement sur le visage. Cette pilosité excessive confère à la tête d’Hector une apparence de lion. Sa vie sociale en est perturbée, même s’il s’accommode de cette particularité pour se donner en spectacle dans le cirque où il est né. Il perpétue donc l’héritage de son père en contant ses histoires dans le cirque qui l’emploie. Le bon peuple s’amuse de découvrir cet être si particulier qui étale sa culture et son éducation à qui veut l’entendre. Érudit et homme de lettres, Hector va vite comprendre que sa singularité peut lui rapporter beaucoup plus. Il décide alors de réaliser le rêve américain en s’engageant dans un cirque new-yorkais à vocation internationale qui lui promet monts et merveilles. Aux côtés de sœurs siamoises, d’avaleurs de sabre, sa notoriété va grandissante. Mais jusqu’où cette course effrénée au succès peut-elle le mener ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Décidément, Xavier Coste aime cultiver notre imagination. Après l’excellente adaptation graphique du roman de George Orwell 1984, il revient dans un registre qui recèle, lui aussi, sa part de mystères en nous contant la vie de Stephan Bibrowski. Né près de Varsovie en 1890, cet homme de cirque, surnommé Lionel l’homme-lion en raison de son apparence, va devenir une bête de foire au début du XXème siècle. Xavier Coste a volontairement changé le prénom de son protagoniste pour romancer son histoire. Car s’il a bel et bien existé, Stephan Bibrowski n’est pas né dans un cirque. Il y a été abandonné par sa mère. Par ailleurs, on ne sait pas si son dérèglement hormonal est bien génétique ou pas. Mais qu’importe, Xavier Coste détourne quelque peu l’histoire pour y poser des questions existentielles sur l’être humain et sa quête de gloire, d’argent et de pouvoir, dans une société de consommation qui pousse chacun à se surpasser pour être le meilleur. Graphiquement, les cases se déploient sur un format de livre assez inhabituel, mais cela cadre parfaitement avec l’univers imaginaire d’Hector Bibrowski. Les couleurs sont peu nombreuses, mais elles contribuent à plonger le lecteur dans ce récit d’un autre temps. On s’émeut aussi des cases qui laissent apparaître la dualité entre l’homme et la bête, au sens propre comme au figuré. Les traits sont fins et précis et laissent transparaître les nombreuses particularités des protagonistes sans en faire de trop grosses différences. Car l’essence même de cette adaptation graphique ne réside pas dans cette volonté. Un véritable chef d’œuvre !
