L'histoire :
Sean Hopper est l’archétype de l’individu bourru et penché sur la bouteille. Particulièrement asocial, il a de la chance d’avoir Bonnie pour s’occuper de lui et de la maison qu’il a retapée en arrivant en ville. Attentionnée et naturellement gentille, elle est en outre excellente cuisinière. Le jeune voisin Bud qui vit avec sa grand-mère depuis le suicide de son père, sait combien Sean n’apprécie pas les enfants, ni de près, ni de loin. Alors il attend qu’il s’absente pour passer du temps avec Bonnie qui lui prépare de savoureux gouters. Un jour, Sean rentre pendant que le petit voisin est là à jouer avec sa compagne. Il demande sèchement au gamin de dégager. S’ensuit une engueulade où il menace de la virer la prochaine fois qu’il trouve un moutard en arrivant. Sa mauvaise humeur pèse sur l’ambiance, il lui reproche encore sa tenue qu’il trouve provocante et finit par aller faire un tour. Alors qu’elle se sert une part de la tarte qu’elle a cuisiné, un klaxon retentit dans la cour, surprise, elle renverse son assiette sur le sol. C’est Sam qui ramène le père de Sean. Il l’a trouvé à l’entrée du cimetière, désorienté comme souvent, de plus en plus… Il lui conseille de le faire soigner, elle l’envoie balader et va s’occuper du grand-père qui ne sait pas vraiment où il est. D’ailleurs, il ne reconnait pas Bonnie, qu’il considère comme une infirmière ou une pute, ça dépend des jours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La ballade de Sean Hopper, c’est un « vis ma vie » dans la middle-class américaine, une immersion dans le quotidien d’un jeune garçon, le narrateur, au moment où son voisin pète les plombs et que sa grand-mère bat de l’aile. Sean, c’est un peu tous les hommes qui n’arrivent ni à trouver un travail régulier, ni une relation amoureuse stable et qui n’arrive pas non plus à exprimer leurs sentiments. Mais il va avoir la chance de tout changer, un évènement va le mener sur un nouveau chemin. L’essentiel de l’intérêt réside dans le scénario ficelé avec maîtrise et la couleur ouatée d’émotion qui enrobe les vignettes. Le trait, lui, est le support graphique, tendance storyboard, qui accompagne ce flot dramatique sorti de l’imagination de Christophe Merlin. Le scénario révèle l’amour certain qu’il porte à cette Amérique profonde, brutale et à la fois pleine des meilleurs sentiments. Un peu larmoyant et un peu cliché parce que le thème n’est pas nouveau, la rédemption de Sean tire son épingle grâce à un savant mélange d’influences bien adaptées, formant une belle histoire, moins mélodramatique qu’il n’y parait et profondément humaine à de multiples égards. Le regard de Bud sur le monde qui l’entoure est un souffle de fraîcheur sur cette détresse sociale qui concerne des millions de gens, bien au-delà des States unifiés. Un message d’espoir, donc, pour rappeler que tout est possible, même quand c’est déjà très mal barré !