L'histoire :
N’ayant rien à perdre et se cherchant un but dans la vie, Joana décide de participer à cet Eldorado dans le grand Nord, dont tout le monde parle. Une grande fortune l’y attend, il lui faut juste organiser son expédition qui promet d’être rude. Alors Joana troque ses peaux tannées contre des vivres, une arme, des raquettes, et elle s’enrôle auprès du groupe de Matwei, un homme qui monte une expédition. Or au moment du départ, elle s’aperçoit qu’elle s’est faîte berner. Matwei est parti sans elle. Joana ne compte pas en rester là et elle part sur leurs traces. Elle retrouve d’abord Tala, une jeune fille qui avait servi de rabatteuse à Matwei et qui se retrouve abandonnée, elle aussi. Apparemment, Tala connait bien la région, alors Joana décide de la suivre, à distance. Elle libère de ses chaînes une chienne maltraitée par un homme, en lui sectionnant une patte abimée. Elle lui fait un bandage et gagne un compagnon de voyage sur trois pattes. Ce territoire est austère, Joana et sa chienne sont souvent tiraillées par la faim. Elles se nourrissent de racines et parfois, d’un lapin chassé par la chienne. Pendant ce temps, le groupe de Matwei avance, et Tala les rejoint. Le tyran Matwei est sans pitié avec elle, mais aussi envers Opa, une vieille indienne guérisseuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette longue aventure dans le grand Nord canadien prend la forme d’une allégorie quelque peu caricaturale de l’homme prédateur ultime de la planète et dominateur sur les femmes. A l’inverse, la sororité féminine représente dès lors la parade salvatrice et humaniste. Hé oui, tous les dicos l’affirment : les hommes sont laids, cupides, cruels, obstinés, malhonnêtes et crétins. Alors que les femmes sont courageuses, solidaires, humanistes, sages et intelligentes. Avec ses gros sabots, Nuria Tamarit prend ainsi comme postulat de base que les femmes innocentes sont systématiquement les victimes de la tyrannie des hommes. En prime, elles sont toutes curieusement et assez gratuitement handicapées par un défaut physique sur leur faciès : tâche de vin ou œil crevé. Cette aventure au cours de la ruée vers l’or dans le Klondike (Alaska) à la fin du XIXème siècle (bien que le récit ne le précise jamais), place ces deux figures antinomiques dans un contexte de survie et de traque. Une louve blanche géante – mais vraiment démentiellement géante – apparait de temps en temps et joue un rôle actif, comme un symbole de la nature régulatrice. La démonstration est un peu longuette (212 pages) et somme toute convenue… Mais à part la psychologie de personnages caricaturale, elle a le mérite d’être bien rythmée, à chaque page imprévisible quant au déroulé des évènements. L’autrice espagnole dessine cela avec la griffe artistique stylisée et naïve qui lui est propre, qu’on a précédemment pu découvrir dans Géante (chez Delcourt) ou Des éclats de diamants (chez Les aventuriers de l’étrange).