L'histoire :
Dans une camionnette un homme est attaché, des décharges de chevrotine frappent la carrosserie, il est terrorisé. A l’extérieur une femme androgyne lâche le fusil et se dirige vers un tracteur qu’elle utilise pour renverser la camionnette. Terrorisé à l’intérieur du véhicule, l’homme dit qu’il paiera. Bien sûr qu’il paiera, ils paient tous après une bonne raclée et la frayeur de passer tout près de la mort. Ginger enchaîne ensuite avec la famille Sahini qui, elle aussi, tarde à régler sa dette auprès du docteur Sannicola. Après avoir passé le père à tabac dans une pièce attenante au séjour, elle quitte l’appartement sous les yeux haineux et plein de larmes du fils de la famille. Puis elle retrouve son mari qui lui demande si son entrainement au gymnase s’est bien passé et elle va faire un bisou à son fils endormi. Le lendemain, elle repart à la charge pour sa récolte d’argent à coups de pression bien placée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec La Louve, Lorenzo Palloni (The Corner, L’île) plonge dans l’univers sombre d’une femme qui fait des tournées de ramassage d’impayés pour un usurier. La violence au quotidien, les luttes de territoires, le passé avec son empreinte, la culpabilité d’une vie cachée, voilà les ingrédients qui composent l’intrigue. Comme à son habitude, le scénario de Palloni est travaillé, multi-pistes, même s’il traite simplement de la condition humaine des protagonistes. Pour lier tout ça, l’histoire joue habilement avec le passé et le présent de Ginger, houleux à bien des égards, mais qui doit bien trouver une porte de sortie. La mise en page en 9 vignettes est aussi régulière qu’un métronome, enrichie parfois de la vue globale d’une scène elle-même découpée en 9 vignettes ou encore de ce chapitre à lire en colonnes. Le trait nerveux, ainsi que le traitement de l’image, participent de l’ambiance trouble qui règne dans cet univers malsain. La colorisation de Luca Lenci est à sa place dans un registre « sombre histoire composée de sombres personnages » et parachève le sentiment ressenti pendant la lecture de cette histoire couillue autant que sensible, comme Ginger. A la fois inventif et classique, c’est tout le charme de cet album qui bénéficie, comme d’habitude chez Sarbacane, d’une présentation de qualité dans son format carré (22.5 x 22.5 cm). La couverture teintée d’un charme d’antan montre l’héroïne dans toute la masculinité qu’elle dégage au fil des pages. Une bonne entrée en matière...