L'histoire :
Déjà, Annie n’aime pas que sa sœur Ruth la force à se lever. Mais ensuite, elle déteste encore plus la corvée du petit-déjeuner. Et surtout, la semoule que leur prépare leur mère chaque matin. Quoi qu’il en soit, il faut tout de même l’ingurgiter rapidement car c’est jour de sortie. Une balade en ville qui s’effectue sous la pluie, puis dans un bus bondé avec une sœur qui a décidé de tricher à leur jeu habituel : repérer en premier dans le décor de la ville ceux et celles qui ont un de leurs doigts dans le nez. Enfin arrivées sur la place du marché, mère et filles se séparent pour effectuer leur petit tour chacune de leur côté. Les marchands sont nombreux, mais les deux gamines sont surtout attirées par les brocanteurs qui proposent à la vente des objets aussi incroyables qu’inattendus. Bientôt, elles approchent du fatras qu’une vieille dame a empilé sur de nombreuses étagères. Les enfants voudraient acheter de beaux chevaux, cette peau de serpent ou encore cet étrange monocle. Mais à la place, elles repartent avec une soupière habitée par un lot de petites mouches desséchées. L’objet a bel allure, mais mieux encore : la vendeuse leur affirme qu’elle est magique et qu’il suffit de dire « Chauffe, soupière, chauffe ! » pour faire apparaître un plat…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que l’on soit sorcière ou auteur jeunesse, il n’y a rien de tel pour refermer le couvercle de sa marmite – voire de sa soupière – sur quelques bambins gourmands, que d’y plonger au préalable les ingrédients suivants : des garnements intrépido-attachants ; des parents pas marrants ; des vieilles qui rangent des yeux de serpents au fond de leur frigo ; des ustensiles magiques-magiques ; une bonne dose de catastrophes et juste ce qu’il faut de « tout est bien qui finit bien ». Et c’est justement de cette manière que s’y prendra Becky Palmer, au rythme d’un dessin aux couleurs parfaitement lavées pour tenter d’ensorceler son jeune lectorat en 112 pages de récit. L’argument narratif est simplissime : deux gamines récupèrent une curieuse soupière qui a la faculté d’exaucer les vœux culinaires de ses propriétaires. Et ça tombe plutôt bien, puisque leur maman leur inflige quotidiennement une préparation à base de semoule, qu’elles ne peuvent plus voir en peinture. Evidemment tombé entre les mains de deux chipies qui agissent d’abord et réfléchissent après, le curieux récipient les entraînera dans une aventure qu’elles n’avaient pas du tout prévue. Nous non plus d’ailleurs ! Et c’est bien là que le bât blesse légèrement dans une deuxième partie qui joue le surréalisme, au tempo d’une partition un chouia poétique mais n’offrant que très peu d’épaisseur à l’action. C’est un brin dommage, car il y avait un gros potentiel pour rendre l’ensemble plus captivant ou offrir un univers imaginaire plus construit. Reste un beau dépaysement à hauteur d’enfant, une aversion définitive pour la semoule et la leçon qu’il n’est jamais prudent de jouer avec le feu…
