L'histoire :
Zoé, jeune cadre supérieure qui travaille aux instances de direction d’une entreprise industrielle, a débuté un grand rangement de printemps dans l’abondante bibliothèque de son père. Ce dernier a disparu en laissant curieusement derrière lui un journal intime. A travers ses lignes, Zoé apprend qu’il a fait la connaissance d’un étrange personnage appelé Eustis. Ce dernier est l’incarnation terrestre du satyre Pan, de la mythologie grecque, et il se présente sous les traits d’un marginal un peu alcoolique, mais avec lequel il peut enfin aborder des questions existentielles qui le passionnent. Zoé enquête et s’inquiète de ce qu’elle trouve. Elle en parle à son psy qui tente de la rationaliser et la prend pour quelqu’un en surmenage. Or pendant ce temps, dans un autre plan de la réalité, Eustis affronte les rigueurs hivernales, depuis la grotte où il vit retiré du monde. Il est alors contacté par des nymphes qui lui laissent un courrier en accompagnement d’un gamin muet habillé en petit baigneur. Le blondinet serait son fils et il en a désormais la charge. Eustis hallucine ! Il n’est pas du tout fait pour ça…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous aviez aimé Le Dieu vagabond, vous allez adorer cette suite. Fabrizio Dori remet en scène son personnage de Pan, jeune hipster contemporain en pantalon de jogging, trench-coat et chapeau melon (pour dissimuler ses petites cornes), qui doit gérer cette fois un fiston atone tombé du ciel, affligé d’un petit air de Little Nemo. Au gré de pérégrinations métaphysiques, de rencontres surréalistes et de soliloques existentiels, le duo emmène leurs lecteurs jusqu’à l’Olympe, à travers des décors toujours aussi psychédéliques, qui empruntent quelque chose aux circonvolutions et aux teintes délavées de l’Art Nouveau. Notamment, Dori parsème son aventure de titrailles qui ponctuent les séquences et d’astuces de découpage, pour faire parfois évoluer les personnages dans une même case progressive. Sur le plan narratif, c’est un joyeux bazar, on s’y perd largement. Dori donne le sentiment d’écrire en avançant… mais ça n’est pas plus grave que ça, nous sommes ici dans le domaine de l’onirisme. De même, le décorum contemporain se mâtine évidemment surtout du panthéisme de la mythologie grecque. Il emprunte surtout une veine semi-réaliste de toute beauté, expressive, renouvelée, inventive… On en prend plein les mirettes.