L'histoire :
La vie s’écoule tranquillement dans la petite chaumière du bourreau du village. Ce dernier peint de charmants paysages remplis de tournesols et ça le met en joie. Aujourd’hui, il a rendez-vous dans le bourg. Après avoir nettoyé ses pinceaux, il prend sa hache et enfourche sa bicyclette pour s’y rendre. En chemin, il pense à sa condition particulière de bourreau qui n’a jamais exécuté personne… comme son père avant lui. Car avec un maire d’une grande bonté, il n’y a pas eu de condamnation capitale depuis bien longtemps. Mais les temps changent et le nouveau chef du village a une vision bien plus ferme pour gérer sa municipalité. C’est ce qu’il explique au bourreau lors de leur rendez-vous, en lui demandant de ranger ses pinceaux et d’affuter sa lame, un courrier l’informera d’une prochaine exécution. Sur le chemin du retour, le bourreau est en plein questionnement : qui est-il, au fond de lui ? Peintre ? Bourreau ? Les jours qui suivent s’écoulent paisiblement jusqu’à la visite de la petite Louise qui vient lui annoncer que son père a été condamné et qu’il sera son bourreau. Saisi par la nouvelle, il la chasse, refusant de voir la vérité en face…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premier album de Marty Planchais, dessinateur nantais lauréat de plusieurs distinctions du neuvième art, Le bourreau de Montfleury est un conte plus philosophique qu’il en a l’air. Un bourreau d’une totale bonté affublé d’un costume de super héros fait maison, est psychanalysé par un Gemini Cricket en forme de chauve-souris, amusant. Avec sa double casquette de « bourreau qui n’a jamais exécuté » et d’artiste-peintre, il se laisse bercer par une vie douce, un peu comme un enfant surprotégé. Mais à l’approche de l’exécution que le terrible nouveau maire lui demande, son quotidien est bouleversé. Ses convictions mises à l’épreuve, il met même du temps à affronter la réalité. Mine de rien, ce bouquin parle de peine de mort, de politique, de sens du devoir, de confiance et de trahison. Le graphisme enfantin et des couleurs chaleureuses de l’univers visuel se destinent aux jeunes bédiens. Le trait naïf rend les méchants moins méchants, mais nul doute que la Faucheuse ou le cruel bourreau de secours feront frissonner les plus petits. La colorisation bénéficie d’une lumière qui éclaire les pages les plus sombres de ce conte qui flirte gentiment avec l’horrifique à certains moment. L’humour a sa place tout au long de l’histoire et les postures souvent cocasses du héros entretiennent un ton léger au fil de l’aventure. Il se dégage de cet album un parfum rétro qui tranche avec la modernité actuelle et lui offre un charme désuet qui ravira les grands-parents !