L'histoire :
Shuna, un jeune prince est l'héritier d'une contrée très pauvre. Les habitants de son village se tuent chaque jour à tenter de cultiver une terre asséchée. Les yakkurus, les bêtes des villageois, n'ont presque plus de petits, car ils sont en permanence affamés. Pour les villageois, c'est le même sort : ils travaillent d'arrache-pied jusqu'à la mort, mais sont reconnaissants pour leurs humbles moissons. Un jour, Shuna tombe sur un homme, un voyageur à l'article de la mort. Il le ramène au village pour qu'il y soit soigné. Mais la plus sage des guérisseuses ne parvient pas à trouver de remède miracle. Le voyageur adresse ses derniers mots à Shuna. Il lui indique qu'il est le prince d'un modeste royaume, à l'Est, très loin du village, et que son peuple souffre de la faim. Il a voyagé pendant des années à la recherche de graines vivantes, pour pouvoir subvenir aux besoins des villageois. Il lui parle d'une contrée lointaine, à l'Ouest, là où s'arrête la Terre, où une graine miraculeuse fait onduler les champs de fertilité. Mais personne n'en est jamais revenu. L'homme pousse son dernier soupir, mais il a réveillé une flamme dans le cœur de Shuna. Le jeune garçon veut partir à la recherche de cette précieuse céréale. Il enfourche son fidèle yakkuru, n'écoute pas les voix de son peuple qui le supplient de rester, et il part à l'aventure.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Sarbacane proposent au public francophone de découvrir l'un des anciens travaux du maître Miyazaki, à travers un livre soigneusement édité. Les novices, tout comme les fans de la première heure du studio Ghibli, pourront ainsi découvrir en quasi-simultané, la sortie du dernier film de l'artiste, Le garçon et le héron, et l'une de ses plus anciennes créations, qui a été publiée au Japon en juin 1983. Pourtant, ce texte fondateur, réalisé sous la forme d'une légende initiatique inspiré d'un conte folklorique tibétain (Le prince qui fut changé en chien), permet à la fois de cerner le style de Miyazaki et comment celui-ci s'est ensuite développé à travers ses films, mais aussi de saisir quelques thématiques chères à l'auteur, qu'il s'est appliqué à déployer dans ses histoires. Cet album n'est pas réellement un manga, mais plutôt un album illustré. Ici, pas de bulles de dialogues, simplement de belles illustrations à l'aquarelle, complétées par un texte narratif. Il y est question d'écologie (quelle est la place de la nature, quelle est celle des hommes), d'esclavage et d'asservissement de l'espèce humaine, d'amitié, d'égo et de la figure du héros. On y retrouve des références directes à ses travaux qui ont suivi, notamment à Princesse Mononoké et à Nausicaä. Sur fond de quête initiatique (humaniste ou égoïste ?), dans un décor post-apocalyptique avec une forte connotation écologique, les éditions Sarbacane nous permettent de découvrir l'une des pièces fondatrices de l'univers de Miyazaki, dans un grand format cartonné qui permet d'en admirer toute la beauté. L'ouvrage se complète par une postface qui permet d'en cerner les enjeux.