L'histoire :
1950, quelque part dans l’Océan Atlantique en direction du Pérou... Madeleine vient de quitter la France avec ses deux enfants et son mari autrichien. La décision n’a pas été facile à prendre. D’autant qu’elle a laissé derrière elle sa mère et sa fille Jacqueline qu’elle a eu douze ans plus tôt d’un premier mariage… 24 ans auparavant, Madeleine est une petite fille espiègle qui passe ses vacances en Bretagne, au Manoir de Bellevue, l’immense domaine familial. Son père est « mort pour la France » pendant la guerre et elle l’a peu connu. Restée seule pour l’élever, sa mère Katarina n’est pas bien vue par les habitants du village. D’abord parce qu’elle est autrichienne, mais aussi parce qu’elle semble dilapider le bien familial en organisant de somptueuses réceptions avec ses compatriotes. Les vacances terminées, elle rentre à Paris où elle est inscrite à l’école alsacienne. Elle s’ennuie terriblement, mais se lie avec Jeannine dont l’élégance la fascine. 1935, Madeleine a 17 ans. A Bellevue, elle fait la connaissance d’une bande de jeunes de son âge, dont Georges et Fernand. L’un des deux deviendra son mari. L’autre sera son amant. Elle ne finira sa vie avec aucun d’entre eux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mis en scène autour d’une destinée turbulente, le récit de près de cinquante années de la vie de cette Madeleine Garraud (inspiré d’une histoire vraie), entrelace habilement romanesque, Histoire et portrait de femme moderne. De la Bretagne à Lima, en passant par Paris, des années 20 aux années 70, on se laisse parfaitement attraper par cette femme au parcours parsemé de chaos. Et qui, pour chacune des dégringolades, puisera la force de se relever. Le regard des autres l’indiffère. Les dangers ? Elle s’en fout. Elle laisse son cœur battre le tempo, ses passions l’emmener au risque, guidée par l’impatience (ou désir ?), de devoir faire des choix puis de les assumer. Elle a peu connu son père (mort au combat pendant la Grande Guerre), peut-être le cherchera-t-elle sa vie durant : mari notable breton, amant résistant, mari ex-officier de la Wehrmacht ou encore architecte au Pérou, rempliront bien mal ce vide incandescent. Elle se fera berner, rouler, plumer par les hommes, sentira la douleur vive laissée par certaines de ses décisions. Mais rien ne l’empêchera d’avancer sur ses deux pieds, prise par l’évidence de ne jamais se résigner. Rythmé par une narration non linéaire et un dessin de facture moderne plutôt bien tourné, ce parcours est passionnant. A la fois parce qu’il anime un personnage aux facettes attachantes et qu’il fixe parfaitement un contexte socio-historique charnière et particulier. Mais aussi, et peut être surtout, parce qu’il porte habilement la réflexion sur les notions de liberté, d’insoumission aux chemins tracés d’avance… dont il faut toujours payer le prix.