L'histoire :
Dans la paisible ville de Bentrock, la vie s’écoule tranquillement pour la population modeste qui peuple ses rues. Le quotidien du shérif est rendu facile par les familles qui goûtent le bonheur d’être réunies après des années de guerre en Europe. Le shérif, Wesley Hayden, réformé 4F pour une grave blessure reçue d’un cheval quand il avait seize ans, n’est jamais allé sur le front, à la différence de Franck, son frère médecin, qui fait la fierté de leur père. Wes, avec sa canne, les quelques ivrognes à gérer et les querelles de clôtures ou de bétail, ne représentent pas l’image que David, son fils, se faisait d’un shérif. Sa femme, elle, voudrait qu’il soit avocat. Durant la semaine, ils ont à leur service Marie Little Soldier, une jeune fille sioux de la tribu des Hunkpapa qui vit chez eux et dont David est amoureux. A la fin de l’été, elle tombe subitement malade. Fiévreuse, elle doit garder le lit et refuse obstinément de consulter le docteur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adaptation du roman noir de Larry Watson, Montana 1948 bénéficie en premier lieu d’une présentation de choix : couverture surfacée, reliure haute qualité, dos rond… Bref, du sérieux. Nicolas Pitz (Luluabourg, Les jardins du Congo) mets en images cette œuvre abordant des sujets essentiels à travers les yeux d’un enfant de 12 ans qui traverse une période marquante de sa vie. Le lien du sang contre celui qui unit les gens bienveillants est un des moteurs de l’intrigue. Mais le racisme n’est pas en reste, tout autant que la fin des illusions d’enfants. Du côté du dessin, les personnages dotés de leurs énormes pupilles passent beaucoup d’émotions par le regard dans cette histoire où les silences ont leur importance. La colorisation à dominante ocre est soutenue, elle participe à la lourdeur de l’atmosphère de cette fin d’été d’un coin paumé des Etats Unis où les mentalités peinent à évoluer. Au niveau du trait, les visages parfois trop anguleux sont le maillon faible d’un ensemble où les décors et les paysages sont le maillon fort. Visuellement, autant qu’à travers le texte, la sensibilité du récit de Larry Watson est respectée. Ainsi, le dessin accompagne les dialogues simples dans l’expression du pire… tout en retenue.
