L'histoire :
Swann vit cloitrée depuis des années dans son appartement. Par une fissure entre les plaques de cartons qui lui servent de fenêtre, elle regarde parfois le monde extérieur : la ville en ruine, délaissée, abandonnées aux zombies. Car depuis qu’une terrible maladie s’est abattue sur l’humanité, plus personne ne dépasse l’âge de 30 ans… ou plutôt si, mais en devenant un zombie. Alors, en attendant de passer par les deux phases de la transition – phase 1 le cœur ralentit, s’arrête et on entre en hibernation ; phase 2, on se réveille zombie – Swann compose des morceaux de musiques inspirés de son groupe préféré : Apocalypse Tears. Son ultime rêve, avant de crever, est de les voir jouer sur scène. D’ailleurs, aujourd’hui est le grand jour du départ. Son coloc est dans la baignoire, sur le point d’aboutir à la phase 2… Il faut donc que Swann quitte sans trop tarder cet appart pour parcourir le monde, en quête des Apocalypse Tears. Elle a préparé son sac à dos, elle est téméraire et débordante d’énergie. Enucléer les zombies à coups de pied de biche, ça ne lui fait pas peur. Et elle compte bien sur les ressources de la nature pour lui apporter régulièrement de quoi se sustenter…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mathilde Payen avait déjà abordé la thématique de la difficile transition vers l’âge adulte dans son précédent album La fête est finie, mais appliquée au monde estudiantin parisien. Dans cette Mortelle Mixtape, cette mutation difficile est ultime : vous êtes accueillis dans un monde où les jeunes ne dépassent pas l’âge de 30 ans ! Passé 30 ans, vous devenez des zombies, assez classiques du modèle « romérien » du zombie, c’est-à-dire écervelés, putréfiés, démembrés, fétides, avides de chair humaine et porteurs du virus zombie dès que vous mordez les humains non-infectés, par lesquels vous êtes attirés. Ô joie ! L’autrice nous donne à suivre son héroïne Swann dans un road-trip post-apocalyptique, durant ses dernières semaines de survie. Elle est hyper volontaire, peu sentimentale et obsédée par un truc forcément futile : voir le groupe de zicos Apocalypse Tears jouer sur scène. Car oui, au cours de ces vies très courtes, ça ne sert pas à grand-chose d’atteindre l’âge de la maturité, puisqu’on meurt tous jeunes. La transmission du savoir, ou même des bases de la vie sociale, sont secondaires dans ce monde habité par des jeunes. Personne n’apprend plus rien à personne, l’humanité régresse à la vitesse grand V, se contentant de combats gores réguliers, de quête de subsistance et de futilités. C’est sur ce rythme aussi vain que creux que Swann traverse cet album, se trouvant un copain, puis une communauté. A l’image du tempérament ultra dynamique de cette héroïne, le dessin – un encrage stylisé et rapide, dans une bichromie gris-rose au lavis – va lui aussi toujours de l’avant, sans se poser trop de barrière, quitte à oser des profondeurs et des proportions foutraques. Cet ouvrage un peu décalé et profondément pessimiste ne révèle pas une grande foi en l’humanité.