L'histoire :
Julia vit dans un petit appartement d’une grande ville avec May – sa méga copine, quasiment sa sœur ! – et son jeune fils Léon. Elle est actrice et commence à avoir son petit succès. Elle doit d’ailleurs passer ce jour-là un casting pour un rôle super important. Mais Léon en a marre que sa mère soit toujours partie et surtout qu’elle soit entièrement concentrée sur sa carrière, c’est-à-dire sur autre chose que lui. Léon aimerait que sa mère le regarde, qu’elle joue avec lui, qu’elle s’occupe de lui. Au lieu de ça, il se retrouve à faire une cabane dans l’appartement avec May et des dizaines de couvertures. C’est nul. May lui propose de regarder le film à succès dans lequel a précédemment tourné sa mère, Le masque de la mort rouge. C’est un film avec plein de gens en tenues de carnaval vénitien ; et sa mère très maquillée, avec un papillon sur les yeux et une combinaison blanche en simili-cuir. Léon le regarde d’une manière un peu particulière : il passe en accéléré tous les passages où il n’y a pas sa mère. Il veut voir le personnage le plus important : sa mère. Et puis le téléphone sonne. C’est sa mère. Elle annonce qu’elle a décroché le rôle. Elle va devenir une star. Leur vie va changer. Elle va commencer par acheter une maison géante et moderne, grand luxe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire tragique d’un petit garçon en manque vital de maman. Julia, une actrice en pleine starification, enchaine les tournages et les succès. Au point qu’elle délaisse totalement son rôle de maman… ou du moins c’est le sentiment dévorant que son petit Léon perçoit. La narration de Marie-Anne Mohanna, autour de ce sujet relativement simple, n’est pas des plus limpides. Elle mélange les rêves de Léon, les extraits de films de sa mère, les périodes de sa vie d’enfant malheureux dans des villas de plus en plus vastes et finalement déshumanisées. Le tout s’appréhende à travers le regard encore aléatoire et nébuleux d’un enfant concernant ce qui sépare la réalité des adultes, l’imaginaire merveilleux et les angoisses monstrueuses. Cela donne un entrelacs d’impressions infantiles, souvent oniriques et symboliques, désordonnés, à la fois géométriques et flous, vagues, futuristes et kitsch, alors même que le registre de dessin est réaliste et le trait fin. Surtout l’ensemble est saturé par une colorisation en aplats de teintes primaires, souvent CMJN pur, très marquées. Très très marquées. Prévoyez du collyre. Ce sur-peps visuel fait un drôle de contrepied à l’atrocité de l’abandon. Les deux partis-pris, graphique et narratif, sont certes cohérents, étant donné le sujet, mais cet excès de psychédélisme rebute et tape d’autant plus sur le système qu’on ne voit pas trop où l’autrice veut en venir. Un ouvrage à part, au traitement intéressant à défaut d’être séduisant.