L'histoire :
René est un petit garçon qui ne trouve pas vraiment sa place en société. Il vit dans un petit appartement qu'il partage avec sa mère, qui ne lui ressemble pas physiquement. D'ailleurs, on le leur fait souvent remarquer, on demande à sa mère : vous l'avez volé où ? René manque d'amour : de sa mère, de ses amis qui se moquent de lui et l'insultent à longueur de journée, de sa ville bien trop grande pour lui, dans laquelle il ne se sent pas à son aise. La seule chose qui l'aide dans sa vie, c'est son lapin en peluche, à qui il peut se confier, qui l'accepte tel qu'il est. Ce petit garçon est régulièrement sujet à des évanouissements imprévus. Au détour de l'un d'eux, il va voyager dans un univers fantasmagorique, délirant. Il a perdu son lapin, et va décider de partir à sa recherche. Mais ce voyage va l'emmener vers des contrées inconnues, où le temps et l'espace n'ont plus d'emprise, et il va rencontrer de mystérieuses créatures, aussi terrifiantes que bienveillantes. Une sorcière cannibale qui, dès qu'elle ouvre la bouche, fait sortir des nuées de corbeaux. Un ogre mangeur de lumière ou encore des créatures sans mémoire. Dans cet environnement étrange, René lui aussi se métamorphosera, deviendra autre, deviendra lui, et révélera ses blessures, son histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Elene Usdin nous propose un ouvrage conséquent aux éditions Sarbacane, l'un de ceux qui reste en mémoire, qui nous marque par son originalité et son impact. Autrice française, elle s'intéresse à la rafle des années 1960, dont ont été victimes les Native Americans du Canada. Au cours de celle-ci, le gouvernement a commandité l'enlèvement de milliers d'enfants autochtones pour les faire adopter par des familles blanches. Cet événement a eu des conséquences dramatiques : des familles brisées, des répercussions psychologiques chez ces enfants, l'absence d'une culture originelle. Entre rêve et histoire personnelle, Elene Usdin nous révèle le destin de René-e, enfant autochtone adopté par une famille blanche. En perte totale de repères, il va partir grâce au rêve, dans un voyage initiatique, en quête de ses origines, car... il se sait différent. Graphiquement, on est plongé dans un univers coloré, déroutant, dans lequel les codes du réel sont rompus. On a l'impression d'halluciner, on est envahi par une avalanche de couleurs et d'images déroutantes et l'on retrouve un aspect Lewis Carroll dans le traitement. Le grand format permet d'apprécier chacune des pages, qui se découpent comme un tableau, et les paysages naturels sont particulièrement bien réalisés. Un hymne à la différence, à l'importance de ses racines, qui revient sur une partie très violente de l'histoire canadienne.