L'histoire :
Le 25 septembre 2001, à Conakry, Géant reçoit un dissident communiste, que tout le monde appelle ATK, sur le site de son entreprise de pirogues. Après avoir échappé à plusieurs tentatives d’assassinat, ATK veut quitter la Guinée et il est prêt à payer cher pour cela. En quelque sorte, ATK est chassé pour son idéologie incompatible avec les investissements chinois. Si Géant accepte de jouer un rôle de passeur, c’est contre la rondelette somme de 500 000 francs. Car Géant a pour projet humaniste de construire un orphelinat pour les enfants des rues. Lui-même était jadis orphelin et il fut élevé avec son copain Koné par un marabout quelque peu violent et radical sur l’Islam. Aujourd’hui, Géant présente à ATK la pirogue de luxe (avec un toit !) sur laquelle il va embarquer dans deux semaines, et qui est en phase finale de construction. ATK n’est pas ravi de ce délai. Mais Géant le rassure : ses « amis » cherchent sans doute plus à l’effrayer qu’à en faire un martyr. Mais voilà, quelques jours plus tard, deux gamins des rues, un albinos et un manchot, parviennent à dérober 500 000 francs à des chinois. Or cette somme, les chinois la promettent aussi à Géant contre quelques menus services à venir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire de migration politique clandestine se déroule en Afrique 6 semaines après les attentats du 11 septembre 2001 et elle convoque néanmoins des éléments clés qui sont toujours diablement d’actualité. Il est en effet question de dissidence politique, d’islamisme radical, d’hégémonie économique chinoise, d’orphelins miséreux, de fuite vitale vers le Cap Vert… des thématiques avec lesquelles tente de composer le héros, un constructeur de pirogues « trop » humain prénommé Géant, qui se la joue passeur et qui « s’en fout la mort ». Né en Bretagne, Arnaud Floc’h connaît bien l’Afrique pour y avoir vécu près de 20 ans. En auteur complet, il propose ici une histoire contemporaine crédible, aux relents de thriller dans une Afrique multiculturelle qui cherche toujours son modèle social. Il y ainsi des accents quelque peu métaphoriques sur le délicat équilibre des idéologies du monde – un communiste en déliquescence, un gentil passeur, un investisseur pragmatique, un islamiste radical et des chinois peu sentimentalistes sont sur un bateau… à votre avis, qui tombe a l’eau ? Le regard est acide, malaisant, mais réaliste et éloquent. La narration alterne les séquences, mélangées avec fluidité dans la chronologie, rythmée, bien menée tout au long des 140 pages, accompagnée par un dessin semi-réaliste et des aplats de couleurs qui ont fait leurs preuves.