L'histoire :
Pepe et Miriam visitent un appartement dans le but de s’y installer en couple. L’agent immobiliser leur vante évidement les mérites du logement, idéal pour un couple, quand bien même ils auraient envie d’y intégrer un petit être à chouchouter... Evoque-t-il l’idée d’un chien ou d’un enfant ? Pepe et Miriam se projettent dans les deux hypothèses (tout comme le lecteur, qui doit faire un choix).
Hypothèse chien : Pepe et Miriam s’enguirlandent parce que Pepe a promené la chienne qui a été prise en saillie par un autre chien. Comment gérer les conséquences d’une portée de chiens ? Ou bien il va falloir la faire avorter ! (encore un choix à faire)
Hypothèse enfant : éduquer un enfant est fatiguant et soumet le couple à la pression. Ils s’enguirlandent tout le temps, chacun hanté par leur propre vécu de jeunesse et aux directions jadis imposées par leurs propres parents. Doivent-ils se séparer ou tenir bon ? (encore un choix)
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile est l’exercice de chroniquer une « BD-dont-vous-êtes-le-héros ». En effet, pour pouvoir émettre un avis, il est recommandé d’avoir lu in extenso l’œuvre dont il est question… donc avoir testé toutes les hypothèses, à chaque fois que des choix renvoient le lecteur à telle ou telle page. Nous en avons testé quelques-unes, nous avons fait des demi-tour, des marche-arrière, mais nous avons sans doute raté quelques versions/séquences. Il est aussi conseillé d’avoir bien saisi le propos, c’est-à-dire la direction dans laquelle nous conduisent les auteurs. Sauf que, dans le cas présent, ce sont les lecteurs et non les auteurs, qui font le choix de la conduite. Et c’est le principe de la vraie vie : à chaque seconde, des choix sont faits, parfois profitables, parfois regrettables. Quoique dans la vraie vie, il est impossible de faire des « pomme-Z ». Durant toute une première moitié d’album (les pages jaunes), le couple de personnages et la narration avancent ainsi, dans un sens ou dans l’autre, ouvrant des tiroirs dans lesquels se trouvent d'autres tiroirs... Ce rythme par à-coups se retrouve admirablement dans la chorégraphie métaphorique du Tango. Cette danse argentine se pratique bel et bien à deux, en faisant deux pas en avant, deux pas en arrière, tout en étant bien associé l’un à l’autre, mais selon des mouvements plutôt brusques ou disons radicaux. Selon vos choix, donc, Lele et Myriam se quittent, se retrouvent, ont un chien ou un bébé, un accident ou pas d’accident… La lecture est logiquement et intrinsèquement décousue. Or si on comprend bien le principe de l’exercice, il est difficile de s’attacher à des personnages si indécis… d’autant plus que le dessin est minimaliste et inesthétique. Un rendez-vous central et unique est donné au lecteur vers la moitié de l’album, pour plusieurs séquences (les pages bleues) toujours sur le thème du précaire équilibre de couple. S’intercale un long et improbable documentaire animalier dans la savane (les pages blanches), dans un registre graphique différent. Puis des plans d’appartement dupliqués, avec les personnages dedans… sans intérêt (les pages roses). On ressort de cet épais ouvrage avec le sentiment d’avoir suivi un exercice de style assez mal exploité et décousu.
