L'histoire :
Juin 1933, Alors qu’il traverse à pied la lande écossaise avec son chien, Ian Paterson, instituteur, est pris d’un violent mal de tête. Il s’effondre… mort. Il avait 38 ans. Son épouse Moïra est dévastée. Les funérailles passées, Moïra et ses deux enfants Bonnie et Filian, sont accueillis chez sa sœur, Margaret, le temps de se reconstruire, psychologiquement parlant. Margaret vit seule dans une maison isolée sur l’île de Skye. C’est austère, mais c’est paisible… Trois mois plus tard, Margaret incite fortement sa sœur à reprendre un travail au pub tenu par McMillan, car elle n’arrive plus à subvenir seule aux besoins de la famille. Encore faible, Moïra accepte néanmoins de se forcer à travailler. Un jour qu’elle se promène sur la lande, Moïra fait une fâcheuse rencontre. Un berger, à peu près de son âge, l’enguirlande parce que son chien perturbe le travail du sien, dans sa gestion du troupeau. L’homme est vraiment irascible, mais Moïra ne se laisse pas faire et elle lui tient tête. L’affaire en reste là. Le soir même, la troisième sœur de la famille, Effie, débarque sans avoir prévenu. Elle annonce que son mari a rencontré une autre femme et qu’il demande le divorce… Effie demande si elle peut rester ici quelques temps, ce qu’acceptent évidemment Margaret et Moïra.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une histoire simple, mais intensément humaine, que propose ici Cécile Becq, pour sa deuxième BD (après Ama, le souffle des femmes). Ces Trois chardons sont évidemment une métaphore botanique pour caractériser trois sœurs vivant dans l’austérité de la lande écossaise. Impossible de ne pas penser à l’œuvre des sœurs Brontë, elles-mêmes trois et ayant voué leurs romans et leurs poésies au Nord sauvage et modeste de la Grande Bretagne. Dans le récit de Cécile Becq, la cruauté de la vie amène trois sœurs héroïnes à se retrouver réunies et célibataires, alors qu’elles sont dans leur âge mur, dans un même foyer isolé sur la lande de l’île de Skye (la même latitude que Stockholm). Il leur faut réapprendre la vie en communauté à trois ; et pour Moïra, le personnage central, accepter qu’elle a le droit à une seconde vie sentimentale. Le ton de cette histoire qui entremêle les thématiques du deuil, de la résilience, de la sororité est très lent, rustique et chaste, sans doute à l’image de la vie rurale écossaise en 1933. Le dessin à la ligne claire est tout aussi juste, rigoureux et plutôt précis dans les attitudes, sans artifice de découpage. En tout cas, ce récit sensible est très agréable.