parution 04 février 2015  éditeur Sarbacane  Public ado / adulte  Mots clés Adolescence / Chronique sociale

Vénéneuses

Inséparables Domitille et Nour vivent leur adolescence à la vitesse d’un cheval au galop. Soirées, abus, amours dangereuses, relations compliquées… Jusqu’où cela va-t-il les mener ? Une chronique adolescente sans concession.


Vénéneuses, bd chez Sarbacane de Gilbert
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Sarbacane édition 2015

L'histoire :

Une fois de plus, Domitille a l’oreille vissée à son smartphone, en communication directe avec Nour, sa meilleure amie. Une fois encore, la discussion tourne autour de la soirée. Celle pour laquelle elles n’ont rien à se mettre. Celle à laquelle Domitille mettra uniquement les pieds, dans l’espoir de taper dans l’œil du beau Gatien. Le seul souci c’est que cette conne d’Anne-Laure est aussi dessus. Ça risque donc de saigner. Mais Domitille s’en fout : c’est sûr, ce soir, Gatien est pour elle. En attendant, c’est sa main qui saigne après avoir vrillé le verre du miroir qui lui renvoyait l’image de ce corps qu’elle a décidément bien du mal à aimer. Quelques gouttes de sang sur sa main et quelques gouttes également dans le fond de sa culotte, histoire de lui rappeler qu’elle est devenue cette femme dont elle ne veut pas. De son coté, Nour cherche, elle, une tenue de camouflage. Elle ne veut pas qu’on la remarque et se fout de Gatien, même si elle doit reconnaître qu’il a bon cul et qu’elle sait que c’est « un chaud »… En tout cas, dans moins d’une heure débute la soirée et c’est le moment d’aller chercher Domitille avec, pour chauffeur, son père, au volant d’une belle décapotable blanche rugissante...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Thomas Gilbert aime conduire son dessin pied au plancher. Il aime les couleurs qui vrillent l’iris, les visages émaciés et les regards amande- reptile qui chopent le lecteur dans un même élan d’envoûtement et d’effroi. Il cadre à l’envie : des plongées sur des corps allongés ; des foules qui dansent dans le bruit ; des bouts de profils tristes ; des déesses verdâtres effrayantes ; ou des flingues sur les tempes en gros plan. Thomas Gilbert aime sans doute mettre mal à l’aise et nous piquer du venin de deux gamines grillant leur adolescence jusqu’au filtre, avant d’avoir mangé leur enfance entièrement. Nour, Domitille… On connait leur destinée dès la douzième vignette. A moins qu’elles rêvent encore ? De ces cauchemars tordus qui les visitent parfois. Avant la douzième case ? Un long flashback de 150 pages pour comprendre et expliquer le lien fusionnel qui unit ces deux petites filles seules, leur jusqu’au-boutisme hurleur de SOS et ce corps qui les dégoûte trop souvent. Des virées en boîte, des snifs par-ci par-là, du liquide englouti, des beaux gosses qui abusent ou qu’on se pique, des papas pitoyables, l’impossibilité de faire autre chose que du grand n’importe quoi... Et personne pour les aimer ou simplement leur dire quelque chose à laquelle elles pourraient se raccrocher… Thomas Gilbert fait le boulot. L’objet de son exercice est incandescent, souvent difficilement palpable, toujours dérangeant, parce qu’il titille quelque chose qu’on connait peut-être et qu’on a vite oublié : cette adolescence à la fois extérieure à nous et pourtant si profondément vissée en dedans. A la densité de l’intrigue (qui vivote quand même autour d’un : « comment cela va-t-il se terminer ? »), notre « dessinauteur » préfère ressentir, autopsier. Sa chronique adolescente flirte en permanence avec la nausée au tempo des sensations qui vrillent les destins de ses brune et blonde ados qui ne savent plus où donner de la vie. On aime cette mise en scène qui dérange à coups de virées fantasmagoriques, horrifiques ou de violence impeccablement giflée. On aime l’intention : porter le regard sur la fragilité de ces bouts de gamins qui veulent juste grandir et qui ont terriblement besoin qu’on les aide malgré eux.