L'histoire :
A Villevermine, une cité industrielle quelque peu rouillée et sordide, Jacques Peuplier est détective spécialisé dans les objets perdus. Il est particulièrement doué pour ça, mais c’est parce qu’il a un don incroyable : il peut parler avec les objets ! Ou plutôt, il est depuis toujours obligé d’entendre l’incessant papotage des objets autour de lui. Ces objets lui servent d’indics, or il n’y a pas plus au courant du destin d’un objet, que tous les objets qui l’ont éventuellement vu passer. Ainsi, pour un billet de 500 balles, il retrouve facilement le bijou volé de Madame Vanessa. C’était un des frères Monk qui tentait de le revendre à la sauvette. Et comme Peuplier fait presque 2m et pèse 117 Kg et qu’il adore jouer du poing, le frangin Monk passe un sale quart d’heure. Et puis, gratuitement, Peuplier ramasse et répare une vieille radio qu’un sale gamin s’évertuait à claquer contre le mur d’une ruelle. Ce gamin, c’est Rudy, et il vit dans la rue, du système D. Il chasse notamment les gros insectes qui pullule à Villevermine. Il les mets dans des bocaux et les livres ensuite aux frères Monk, pour un de leurs clients. Par contre, pourquoi ce client a-t-il tant besoin de ces grosses mouches… mystère ! Alors Rudy décide d’espionner la transaction…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2013, Julien Lambert et Manon Textoris avaient décroché le prix Raymond Leblanc pour leur Edwin, le voyage aux origines. De fait, c’était déjà vachement bien ! Ils auront mis le temps de récidiver, avec ce Villevermine, mais ils passent clairement plusieurs échelons de maturité d’un coup. Cette première partie de diptyque est en effet géniale à tous points de vue. L’univers de cette ville post-industrielle parasitée par des vermines et menacée sans le savoir par un savant fou, est original et savamment mis au point. Le ton, les dialogues et les astuces narratives sont rafraichissantes et les personnages vraiment attachants. Notamment, l’idée des objets parlant peut sembler naïve… mais elle est inédite, maligne et parfaitement congrue. L’intrigue, qui se met en place de manière chorale, avant de très vite converger vers un ensemble cohérent, est palpitante. Enfin, le dessin stylisé et plus abouti que sur Edwin, se montre lui aussi original, tout en restant d’une grande lisibilité, et tout en se permettant des angles et des profondeurs toujours bien pensés. Bref, c’est un sans-faute de la part de Julien Lambert, au scénario et au dessin – Manon Textoris se chargeant ici uniquement d’une partie de la colorisation. Sans oublier la couverture accrocheuse, un modèle du genre. Vivement la suite !
